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Libération

En coulisse, les sénateurs torpillent le budget de Trump

publié le 13 septembre 2017 à 20h16

En plein tourbillon médiatique sur l’arrivée de l’ouragan Irma en Floride, l’information est passée presque inaperçue. Elle sonne pourtant comme un désaveu cinglant pour Donald Trump. Jeudi dernier, une influente commission bipartisane du Sénat américain a voté deux projets de loi budgétaires aux antipodes des desiderata du président américain.

Aux Etats-Unis, le processus d’adoption du budget fédéral est fort complexe. Dans un premier temps, la Maison Blanche présente un projet de budget censé refléter la vision présidentielle. Celui de Trump, dévoilé fin mai, obéissait à une ligne directrice claire : augmentation massive des dépenses militaires et de sécurité, coupes drastiques partout ailleurs.

Il prévoyait ainsi une hausse de près de 10 % pour le Pentagone (52 milliards de dollars supplémentaires), compensée notamment par la baisse drastique des dotations des affaires étrangères (- 28 %), de l’Agence de protection de l’environnement (- 31 %), de l’éducation (- 14 %) ou des centres nationaux de santé.

Au bout du compte, c’est le Congrès, et non la Maison Blanche, qui tient les cordons de la bourse. Les parlementaires, s’ils doivent se mettre d’accord entre eux, n’ont aucune obligation de suivre les recommandations du Président. C’est précisément ce qui vient de se passer. Le premier texte voté par le Senate Appropriations Committee, la commission en charge des dotations budgétaires, recommande, pour 2018, l’octroi de plus de 51 milliards de dollars à la diplomatie américaine. C’est 11 milliards de plus que le budget défendu par la Maison Blanche.

Détail significatif : composée de 16 républicains et 15 démocrates, la commission a voté ce projet de budget à l'unanimité. Un rare consensus et une véritable claque pour Trump. Pire, dans le rapport accompagnant le texte, les sénateurs étrillent la vision America first de Trump, celle d'une Amérique repliée sur elle-même, désengagée au maximum du théâtre onusien et de l'aide au développement.

Certes, ce projet de loi adopté par la commission n’est pas définitif. Il doit désormais être voté par le Sénat en séance plénière, puis un compromis devra être trouvé avec le texte budgétaire préparé en parallèle par la Chambre des représentants. La version finale sera envoyée sur le bureau de Donald Trump pour signature. Des amendements sont donc encore possibles. Mais le vote unanime en commission indique clairement une volonté, tant chez les démocrates que les républicains, de reléguer le budget Trump aux oubliettes.