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L'intégration des musulmans en Europe progresse mais les discriminations subsistent

Selon une étude de l'UE, les migrants musulmans sont plutôt bien intégrés dans les sociétés des pays européens. Mais le rejet auquel ils font parfois face met en danger cette réussite.
A la sortie de la Grande Mosquée de Paris, le jour de l'Aïd, le 1er septembre. (Photo Zakaria Abdelkafi. AFP)
publié le 22 septembre 2017 à 12h22

Trois quarts des musulmans immigrés en Europe éprouvent un fort sentiment d'appartenance à leur pays de résidence. Et malgré les discriminations dont ils se sentent souvent victimes, le niveau de confiance dans les institutions publiques est même plus élevé chez ces derniers que dans le reste de la population. Tel est le résultat, au contre-courant de bien des idées reçues, d'un récent sondage de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA) réalisé dans le cadre d'une étude sur les minorités et la discrimination. «Les résultats de notre enquête décrédibilisent totalement l'affirmation selon laquelle les musulmans ne seraient pas intégrés dans nos sociétés», déclare Michael O'Flaherty, directeur de la FRA.

«Nous risquons d’aliéner les individus et leurs communautés»

Ce constat ne signifie pas pour autant que les musulmans se sentent majoritairement traités de la même manière que leurs concitoyens. Près de 40 % des musulmans sondés estiment être régulièrement confrontés à des situations de discrimination, de harcèlement ou encore de violence. Ils se sentent aussi désavantagés, par exemple, au moment de chercher un logement ou un travail, chez le médecin ou au restaurant. Beaucoup de femmes musulmanes vivent leur manière de se vêtir comme une source de discrimination au travail. Et lorsqu'ils se font contrôler par les forces de l'ordre, 42 % des sondés le vivent comme un contrôle au faciès. Une situation qui ne s'est guère améliorée au cours des dix dernières années.

L'étude a été réalisée en 2016 auprès de 10 500 immigrés musulmans de première ou deuxième génération qui habitaient depuis au moins une année dans un Etat membre de l'UE. Les résultats démontrent aussi que les musulmans qui s'estiment discriminés sont généralement moins attachés au pays dans lequel ils vivent. «Chaque incident de discrimination et de haine entrave leur pleine inclusion dans la société et réduit leurs chances de trouver un emploi. Nous risquons d'aliéner les individus et leurs communautés, ce qui pourrait avoir de graves conséquences», met en garde Michael O'Flaherty. Un avertissement d'autant plus pertinent que le degré de confiance, envers la police et la justice par exemple, est plus faible chez les enfants d'immigrés que chez leurs parents.

Des plans d’action nationaux

Ce décalage s'explique (en partie) par le fait que les immigrés de première génération ont souvent vécu, dans leur pays d'origine, des situations arbitraires du côté des autorités. Mais aujourd'hui, leurs enfants se sentent plus souvent discriminés que leurs parents, que ce soit pour des motifs religieux ou ethniques. Dans ce contexte, l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne se félicite de la mise en route des plans d'action nationaux pour l'intégration dans la plupart des pays européens. Mais elle dénonce également «ces plans d'actions qui négligent la promotion de leur participation active dans la société. Et cela, notamment chez les jeunes.»