Le système électoral allemand est réputé très complexe, mais aussi assez juste. La volonté judiciaire d'établir encore plus de justesse pourrait pourtant causer un problème tout à fait banal à l'issue de l'élection de dimanche: un problème de place. Actuellement, le Bundestag compte 630 députés. Après le scrutin de dimanche, le nombre pourrait passer à plus de 700 en raison des mandats supplémentaires. Pour comprendre cela, un retour à la base de ce scrutin mixte à finalité proportionnelle.
A priori, le mode de scrutin allemand prévoit l'élection de 598 députés au Bundestag. Pour cela, les électeurs outre-Rhin ont deux votes sur un même bulletin. Le premier vote sert à désigner un candidat dans chacune des 299 circonscriptions au scrutin majoritaire : le candidat avec le plus de votes remporte la circonscription et va à Berlin. La grande majorité de cette première moitié des sièges va généralement aux deux principaux partis : les conservateurs de la CDU/CSU et les sociaux-démocrates du SPD. L'autre moitié, les 299 sièges restants, est attribuée au scrutin proportionnel selon le résultat d'un deuxième vote. Tous les partis ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés au niveau national seront représentés au parlement en accord avec leur score à ce deuxième vote.
Jugé anticonstitutionnel
Il est pourtant possible que le nombre de mandats directs d'un parti (les candidats élus au scrutin majoritaire dans les circonscriptions) dépasse le nombre de sièges auxquels le parti aurait droit suite au scrutin proportionnel. Dans ce cas, le nombre de sièges au Bundestag augmenterait du nombre de ces mandats supplémentaires. Jusqu'en 2011, l'histoire - déjà assez compliquée - s'arrêtait là. Or, ce système altère la proportionnalité en favorisant les grands partis parce qu'ils sont en réalité les seuls à pouvoir remporter ces sièges supplémentaires. En 2008, le Tribunal constitutionnel fédéral le juge alors anticonstitutionnel et un système de compensation est introduit et appliqué pour la première fois aux élections fédérales de 2013. Pour chaque mandat supplémentaire, les autres partis ont alors droit à des mandats compensatoires pour que la répartition des sièges soit strictement égale au résultat du scrutin proportionnel.
Ainsi, l'élection fédérale de 2013 a donné lieu à 4 mandats supplémentaires, puis il a fallu créer 29 mandats de plus pour rétablir la proportionnalité. Cette année, le nombre de partis représentés au Bundestag va probablement augmenter de quatre à six (en 2013, ni l'extrême droite AfD ni les libéraux du FDP n'avaient franchi le seuil de 5 %). Ce qui mènera probablement à plus de mandats supplémentaires. Puis encore plus de mandats pour compenser ces derniers. Avant de pouvoir véritablement commencer son travail, le nouveau parlement ne devra pas seulement attendre les négociations de coalition, mais aussi l'agrandissement du bâtiment du Reichstag…