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Libération

Le bras de fer entre Londres et Uber vire au dialogue

publié le 26 septembre 2017 à 20h36

Des deux côtés, le changement de ton est radical. Deux jours après l'annonce de la suspension de sa licence d'exploitation par le régulateur des transports londoniens, Transport for London (TFL), Uber joue l'apaisement et appelle au dialogue. Et le maire de Londres, le travailliste Sadiq Khan, approuve. Dans une lettre ouverte aux Londoniens, le PDG de la société américaine, Dara Khosrowshahi, qui a succédé à son fondateur, Travis Kalanick, il y a un mois, a présenté ses excuses «pour les erreurs commises».

«Alors qu'Uber a révolutionné la manière dont les citadins circulent dans les villes autour du monde, il est également vrai que nous avons fait des erreurs en chemin», a-t-il écrit. Et d'ajouter : «Nous allons faire appel de la décision pour le compte des millions de Londoniens, mais nous le ferons tout en sachant que nous devons changer.» Khosrowshahi sait qu'il a l'opinion publique avec lui ou, en tout cas, une grande partie des clients d'Uber à Londres, qui seraient environ 3,5 millions. Or plus de 700 000 d'entre eux ont déjà signé une pétition réclamant le renouvellement de la licence d'Uber. Vendredi, dès l'annonce de sa suspension, la société envoyait à tous ses clients un mail leur demandant de signer la pétition, suivi de plusieurs relances.

Dans un tweet, Khosrowshahi s'adressait directement aux Londoniens : «Cher Londres : nous sommes loin d'être parfaits mais nous avons 40 000 chauffeurs licenciés et 3,5 millions de Londoniens dépendent de nous. S'il vous plaît, aidez-nous à résoudre la situation.» Sadiq Khan avait d'ailleurs rapidement relevé qu'«Uber dispose d'une armée d'experts en communication, d'une armée de juristes et ils ont également menacé agressivement de nous poursuivre en justice». Le maire de Londres est aussi le président de TFL. Officiellement, il n'a joué aucun rôle dans la suspension de la licence.

Après les excuses de Khosrowshahi, Sadiq Khan a appelé au dialogue, demandant à TFL de rencontrer Uber, «même si un processus légal est en cours». La licence expire le 30 septembre, mais la compagnie peut continuer à opérer pendant la durée de la procédure d'appel, qui pourrait s'étaler sur plusieurs mois. Le régulateur reproche au géant américain une série de manquements, notamment sur le contrôle de ses chauffeurs. Il y a quelques mois, l'un d'entre eux s'était rendu coupable d'une agression sexuelle sur une cliente et Uber n'avait pas signalé l'attaque aux autorités. Quelques mois plus tard, le chauffeur avait commis une autre agression. La police avait alors lourdement critiqué la compagnie dans une lettre à TFL.

«Nous plaidons coupable», a depuis reconnu la direction britannique d'Uber. Selon le Financial Times, Khosrowshahi envisagerait même de venir à Londres jouer le médiateur. L'enjeu est crucial pour Uber. En discussion pour un investissement de plus de 10 milliards de dollars (8,4 milliards d'euros) par le fonds SoftBank Vision, la compagnie accuse de lourdes pertes… sauf au Royaume-Uni, où elle a doublé ses profits en 2015, Londres étant devenu sa plus importante plateforme en Europe.