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Libération
Décès

Disparition de Hugh Hefner, le fondateur de Playboy

Le créateur du célèbre magazine érotique grand public est mort à 91 ans, après une vie marquée par de célèbres fêtes débridées.
Hugh Hefner, fondateur du magazine Playboy, le 12 mai 2001 à Cannes (Photo GERARD JULIEN. AFP)
publié le 28 septembre 2017 à 5h33
(mis à jour le 28 septembre 2017 à 12h04)

Hugh Hefner, fondateur du magazine Playboy, pionnier de la presse érotique grand public, est décédé à l’âge de 91 ans.

«La vie est trop courte pour vivre le rêve de quelqu'un d'autre» : c'est avec cette citation de son ancien patron, sous un portrait de celui-ci, célèbre pour sa tenue d'intérieur rouge, que le magazine a salué cette disparition.

Une vie d'excès

Créateur en 1953 (à l'époque du maccarthysme finissant) du célèbre magazine «pour hommes» qui allait apporter sa pierre à la révolution sexuelle de ses compatriotes, Hugh Hefner est mort de causes naturelles, à son domicile de Beverly Hills, la «Playboy Mansion», passée à la postérité pour ses fêtes symbolisant les excès d'Hollywood avec son mélange de stars et d'hôtesses dévêtues, les célèbres «bunnies», dont la vie n'était pas toujours rose, comme le racontait Gloria Steinem dès 1963.

Elevé par des parents ultrapuritains qui ne l'embrassaient pas «à cause des germes», comme nous le précisions en 2002, il est devenu célèbre pour son magazine mais aussi sa vie d'excès et fêtes, le fondateur de Playboy continuait à sortir dans les discothèques et entretenait sa vie intime à coup de Viagra, dont il n'hésitait pas à faire la promotion. «Mon père a vécu une vie exceptionnelle, en tant que pionnier des médias et de la culture et comme porte-parole de certains des mouvements culturels et sociaux les plus significatifs de notre époque, en se faisant notamment le défenseur de la liberté d'expression, de la liberté sexuelle et des droits civiques», a déclaré son fils Cooper Hefner, directeur artistique de Playboy Enterprise's, la maison mère du groupe Playboy.

«L'Amérique comme le monde entier connait actuellement une révolution sexuelle, Playboy a fait beaucoup dans le sens de cette révolution», expliquait Hefner à la télévision française en 1971 :

En 2004, Libé s'était rendu dans la «Playboy Mansion», «coquet château anglais de trente pièces» qui accueillait les «fiestas somptueuses» d'Hefner, alors âgé de 78 ans : «Ici prospèrent des tas de bestioles plus ou moins exotiques : des lapins, bien entendu, des paons, des flamants roses, des canards pas sauvages pour un sou et même des singes à queue préhensile, ce qui permet de les distinguer des invités», écrivions-nous. Le maitre de maison, qui avait subi une attaque cardiaque dans les années 80, faisait son apparition dans ses somptueuses soirées en pyjama de soie sous une veste d'intérieur rouge en cachemire.

Mais il y a aussi l'autre facette de Playboy, évoquée dans nos colonnes : un magazine qui obtint en son temps «les interviews de Fidel Castro et de Martin Luther King ou les signatures de Nabokov, Kerouac ou Steinbeck».

Une ultime fiesta

Retraité depuis longtemps, Hugh Hefner a continué pendant des années à participer aux décisions au sein du magazine, choisissant par exemple les couvertures et les Playmates du mois. Dans un entretien à l'AFP en 2003, il disait espérer «rester dans le souvenir des gens comme quelqu'un qui a eu un impact positif sur le changement des valeurs sexuelles de l'époque» : «Et je pense que de ce point de vue, c'est gagné», avait-il ajouté.

Un an après avoir renoncé à la nudité, jugée «dépassée», Playboy y était revenu, en février 2017. A la demande du fils, qui n'avait pas accepté la décision de son père. Le truculent nonagénaire à la vie personnelle débridée - outre trois épouses il a eu de multiples «bunnies» pour compagnes – a fait l'objet d'une série télévisée documentaire produite par le géant du commerce en ligne Amazon.

En 2004, Libé s'interrogeait sur la fin de l'icône, survenue finalement treize ans plus tard : «Personne aujourd'hui n'imagine ce que deviendra la Playboy Mansion quand Hefner disparaîtra. Il est probable que ses obsèques donneront lieu à une ultime fiesta dont la liste des invités doit déjà être rédigée, avant que sa dépouille ne soit conduite à sa dernière demeure. Le vieux grigou, génie marketing jusqu'au bout, a bien préparé sa légende post-mortem. Il a acheté le caveau juste à côté de celui de Marilyn Monroe.»