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Elections allemandes : Schäuble quitte les Finances, Andrea Nahles au SPD, Schröder s'en mêle

Elections en Allemagnedossier
Quatre jours après des législatives marquées par la percée de l'extrême droite au Bundestag, le point sur la situation politique en Allemagne (spoiler : c'est compliqué).
Wolfgang Schäuble en mars. Gerhard Schröder à Dortmund, en juin. Frauke Petry, le 26 septembre à Dresde. (Photos Odd Andersen, Sascha Schuermann et Monika Skolimowska. DPA. AFP)
publié le 28 septembre 2017 à 11h57

Wolfgang Schäuble sur le départ. Après huit ans à la tête du ministère des Finances, cette grande figure de la CDU, diversement appréciée en Europe notamment pour sa dureté à l'égard de la Grèce, brigue désormais la présidence du Bundestag. Il s'agirait avant tout de laisser le poste de ministre des Finances aux libéraux du FDP en cas de coalition «jamaïcaine» (c'est-à-dire regroupant les conservateurs de la CDU-CSU, le FDP et les Verts, dont les couleurs forment le drapeau de l'île des Caraïbes). Cette fonction est briguée par le chef du FDP, Christian Lindner, qui a, et c'est peu étonnant, salué la décision de Schäuble de se présenter à la présidence du Bundestag en louant via Twitter l'«autorité naturelle» d'une «personnalité exceptionnelle».

Andrea Nahles à la tête du groupe SPD au Bundestag. La désormais ex-ministre du Travail a été désignée mercredi présidente du groupe SPD au Parlement. C'est la première femme à occuper ce poste chez les sociaux-démocrates, parti qui accuse 150 ans d'existence (on peut également voir cela comme l'énième avatar du concept de «falaise de verre», qui consiste à désigner une femme à un poste clé en temps de crise). Elle succède à Thomas Oppermann. Sa désignation indique que le SPD, après le camouflet que furent ces élections, envisage de se régénérer dans l'opposition puisque Nahles, 47 ans, est issue de l'aile gauche du parti social-démocrate. Après quatre ans au gouvernement, elle a déjà commenté à sa manière le rôle de son parti dans l'opposition d'un «désormais ils vont s'en prendre plein la gueule»diversement perçu par la presse - la violence de l'expression rappelle à beaucoup la rhétorique martiale de l'AfD. Elle s'est ensuite justifiée en disant qu'il s'agissait là d'une «plaisanterie».

Gerhard Schröder s'invite dans le débat. Mercredi, à Berlin, l'ex-chancelier social-démocrate a exprimé ses réserves sur la décision du SPD de refuser une éventuelle coalition avec la CDU-CSU d'un «je ne sais pas si c'est raisonnable». Il estime également que si le SPD a réalisé un score si catastrophique, c'est parce qu'il aurait été trop critique des réformes mises en place lorsqu'il était lui-même au pouvoir – dont les fameuses lois Hartz, qui ont libéralisé le marché du travail en Allemagne.

Frauke Petry quitte définitivement l'AfD. Dans le sillage de la percée spectaculaire du parti d'extrême droite aux législatives de dimanche (12,6% des voix, avec théoriquement 94 députés sur 709), sa coprésidente Frauke Petry a surpris tout le monde en déclarant dès lundi matin qu'elle ne siégerait pas au Bundestag sous les couleurs du parti. Mardi, elle a annoncé le quitter définitivement. Ce n'est pas vraiment une surprise tant la ligne politique de Frauke Petry diffère de celle, de plus en plus identitaire, du cofondateur de l'AfD, Alexander Gauland, ou de celle d'Alice Weidel. Les tensions entre ces différents courants étaient fortes, et Frauke Petry devait être théoriquement débarquée lors du congrès de l'AfD en octobre. Elle a donc pris les devants… Elle est pour l'instant suivie dans sa sécession par Marcus Pretzell, qui dirige l'AfD dans le Land le plus peuplé d'Allemagne, la Rhénanie du Nord-Westphalie, ainsi que par deux responsables régionaux saxons.