Une discrète filature par la police brésilienne, et le piège s'est refermé sur Cesare Battisti, interpellé mercredi alors qu'il tentait de traverser la frontière entre le Brésil et la Bolivie. L'Italien, ex-membre des Prolétaires armés pour le communisme, est soupçonné d'«évasion de devises», faute d'avoir déclaré les quelques milliers d'euros et de dollars qu'il portait sur lui. Le Brésil, qui lui avait accordé l'asile, est convaincu qu'il tentait en réalité de s'enfuir, alors que l'Italie, qui l'a condamné par contumace à la perpétuité, en 1993, pour quatre homicides commis en 1978 et 1979, revient à la charge pour obtenir son extradition.

Entre les deux pays, le sujet fâche. En 2004, Battisti, en cavale, avait rejoint le Brésil, qui interdit l’extradition pour crimes de nature politique. Dans l’arrière-pays de São Paulo, il tente de se refaire, se remet à l’écriture et fonde une famille. Mais le retour de la droite au pouvoir, en 2016, a ouvert une brèche. Livrer l’Italien serait un geste diplomatique apprécié, alors que le prestige du Brésil est au plus bas, après le coup de force qui a porté Michel Temer au pouvoir.