C’est une nouvelle conséquence, bien concrète celle-ci, de l’arrivée de l’extrême droite au parlement allemand, dont la première session s’ouvre le 24 octobre : où vont siéger les députés de l’AfD ? A l’extrême droite de l’hémicycle, cela paraît logique ; mais qui pour siéger à leurs côtés ? C’est là que le bât blesse. Car aucun parti ne souhaite s’installer auprès d’un voisin aussi embarrassant. En ces temps de rentrée des classes, le jeu des chaises musicales donc commencé.
Un comité au Bundestag planche d'ores et déjà avec sérieux sur ces questions, mais c'est un casse-tête. Il faut dire que personne n'a vraiment la même conception de la géographie parlementaire. Le Bundestag a ainsi proposé aux libéraux du FDP, qui refont leur entrée au Parlement après en avoir été éjectés en 2013, de siéger à gauche de l'AfD, et, du coup, à droite des chrétiens-démocrates et des conservateurs de la CDU-CSU ; mais le parti libéral rechigne. Le chef du groupe parlementaire du FDP, Marco Buschmann, a déjà indiqué que la place naturelle du FDP serait «au centre», et si possible pas loin des Verts, avec qui il pourrait former une éventuelle «coalition jamaïcaine». La meilleure option, pour eux, serait à droite des Verts et à gauche de la CDU.
Die @fdp möchte im BT nicht zwischen Union und @AfD sitzen. Die Sitzordnung für die konstituierende Sitzung steht aber, so @Petra_Sitte_MdB pic.twitter.com/10DqSO1EiP
— Bericht aus Berlin (@ARD_BaB) October 4, 2017
(Ci-dessus, des explications sur l'avancée des négociations par Petra Sitte, cheffe du parti de gauche Die Linke au Bundestag. C'est en allemand, et c'est encore plus complexe qu'une partie de Rubik's Cube.)
Mais les Verts vont-ils accepter de siéger aux côtés du FDP, et plus, comme d’habitude, entre la CDU et les sociaux-démocrates du SPD ? Rien n’est moins sûr. Ces discussions de plans de table façon «dîner de mariage», qui n’ont donc pas abouti à un accord, devraient se poursuivre. Il y a tout de même une date limite, puisque le Bundestag doit inaugurer sa première session au plus tard le 24 octobre, soit 30 jours après le vote. Son président devrait être l’ancien ministre des Finances Wolfgang Schäuble.
Ce qui est certain, donc, c'est que personne ne veut s'asseoir à côté de l'AfD. A noter que l'ex-coprésidente du parti, Frauke Petry, ne siègera pas elle non plus avec le parti d'extrême droite, puisqu'elle l'a quitté dès le 26 septembre, dans le sillage de l'annonce des résultats des législatives. La querelle serait d'ordre idéologique. Il s'agirait de dissensions entre la ligne xénophobe de Frauke Petry et celle, xénophobe et révisionniste, du cofondateur du parti Alexander Gauland.
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Un autre poids lourd de l'AfD, Mario Mieruch, proche de Petry, a également déclaré mercredi qu'il ne siégerait pas avec eux au Parlement, sans préciser s'il comptait former un groupe parlementaire avec Petry. Où vont siéger ces deux derniers ? A la gauche de l'AfD, qui compte désormais 92 élus ? La question, comme à peu près tout en ce moment en Allemagne, reste ouverte…