«L'heure tourne.» Ironique, le quotidien Evening Standard a paraphrasé vendredi une expression utilisée il y a quelques semaines par Michel Barnier, le négociateur de la Commission européenne pour le Brexit. Le journal ne parlait pas de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, mais de Theresa May. Pour le quotidien, dirigé par George Osborne, ancien ministre des Finances de Cameron et très peu fan de la Première ministre, la question qui domine aujourd'hui n'est plus «si, mais quand» elle quittera le 10, Downing Street.
Un canular, une interminable quinte de toux et un décor qui s’effondre ne suffisent pas à expliquer pourquoi une démission prochaine de May est soudain ouvertement évoquée. Mais cet enchaînement d’incidents, alors qu’elle essayait de prononcer le discours de clôture d’un congrès conservateur très morose et divisé, en a décidé certains. Les rumeurs d’une tentative de renversement courent depuis le lendemain des élections anticipées ratées de juin, quand les conservateurs avaient perdu leur majorité au Parlement. Les députés veulent désormais la déloger.
«Le pays a besoin de leadership. […] Les semaines qui ont précédé ont démontré que ce n'était pas le cas», a assené Grant Shapps, président du parti. Deux solutions existent : soit elle part «avec grâce», ce que ce dernier appelle de ses vœux, soit sous la pression des députés (15 % des voix sont nécessaires ; 48 signatures sur 317 sièges tories).
On n'en est pas là. Des membres du cabinet l'ont défendue, dont Charles Walker, vice-président du Comité 1922 (groupe parlementaire tory). May est aussi repartie à l'offensive : «Ce dont le parti a besoin, c'est d'un leadership posé. C'est ce que j'apporte avec le soutien complet de mon cabinet.» Elle sait qu'il n'existe pas de candidat pour la remplacer. Son ministre Boris Johnson ne bénéficie pas d'un soutien suffisant des députés.