Franklin, Gert, Harvey, Irma, Jose, Katia, Lee, Maria, Nate et Ophelia… Depuis début août, chacune de ces tempêtes tropicales a forci jusqu’à devenir officiellement un ouragan, avec des vents dépassant les 120 km/h. C’est d’ailleurs un record - on n’avait pas enregistré dix ouragans consécutifs dans l’Atlantique depuis 1893. On a observé chez les neuf premiers ouragans 2017 une trajectoire assez semblable. Nés dans l’océan Atlantique ou dans le bassin Caraïbe, ils filent à l’ouest en dérivant progressivement vers le nord, et finissent leur course sur une côte américaine. Mais Ophelia, le dernier en date, trace une route tout à fait différente : après sa formation dans l’Atlantique, il a foncé droit vers l’Irlande, où il a causé la mort d’au moins trois personnes lundi.
«Une combinaison de raisons peut expliquer sa trajectoire : le gulf stream, le courant-jet…» commente la météorologue Evelyn Cusack à l'Irish Times. Ophelia est né un peu plus au nord que ses cousins, au large du Maroc et des îles Canaries, donc au-dessus du tropique du Cancer. Cela lui vaut l'appellation d'ouragan «extratropical».
Il a pu être entraîné par le passage du courant-jet (jet-stream) sous-tropical, un puissant courant de vent qui circule d’ouest en est à ces latitudes. Il en existe quatre sur Terre : deux courants sous-tropicaux entre 10 et 16 kilomètres au-dessus du niveau de la mer, et deux courants polaires un peu moins hauts. Les altitudes coïncident, car les nuages les plus élevés des ouragans culminent à 12-15 kilomètres.
La circulation générale des vents de surface, entre le niveau de la mer et 2 kilomètres d’altitude, va aussi dans ce sens. Au nord de la crête subtropicale, la Terre est parcourue par les vents d’ouest, ou contre-alizés, qui suivent exactement la trajectoire d’Ophelia. Au sud de la crête, les alizés vont en sens inverse. On remarque d’ailleurs que les ouragans «classiques» changent de direction quand ils franchissent la crête subtropicale, et repartent vers l’est.