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Allemagne

Comment la défaite de Merkel en Basse-Saxe va jouer sur son futur gouvernement

Le parti de la chancelière allemande a perdu les élections régionales anticipées dans le nord-ouest du pays. Mais cette fois, le grand gagnant n'est pas l'extrême droite.
Angela Merkel à Berlin, au lendemain des élections anticipées de Basse-Saxe. (Photo Tobias Schwarz. AFP)
publié le 17 octobre 2017 à 17h56

Ça devait être une occasion pour Angela Merkel de regagner du terrain après les lourdes pertes du Parti chrétien-démocrate (CDU) lors des élections législatives du 24 septembre. A l'arrivée, la chancelière allemande essuie une nouvelle défaite. Avec 33,6% des votes obtenus au scrutin en Basse-Saxe de ce dimanche, son équation politique se complique un peu plus. Les conservateurs de la CDU n'arrivent qu'en deuxième position après les sociaux-démocrates du SPD (36,9%). Si les facteurs déterminants de ce résultat sont à mettre sur le compte de la politique régionale, ils ne manqueront pas de peser d'un poids relativement important sur la capacité de négociation de la CDU pour former un gouvernement fédéral.

Ainsi, en Basse-Saxe, une manœuvre politique s'est retournée contre la CDU. En août, le gouvernement régional, constitué d'une coalition entre sociaux-démocrates et écologistes, avait perdu sa courte majorité après la désertion d'une députée des Verts. Cette dernière avait décidé de rejoindre les rangs des conservateurs. De quoi déclencher les élections anticipées de dimanche et miser sur une victoire de la CDU. Pari perdu. Quant à l'AfD, le parti d'extrême droite y laisse lui aussi quelques plumes. Son score dépasse à peine les 6%, loin derrière son niveau du 24 septembre (12,6%) qui depuis lui a permis de célébrer son entrée triomphale au Bundestag.

«L’aile droite de la CDU va exiger une politique plus conservatrice»

«Une situation qui ne devrait pas froisser outre mesure ceux qui accusent Angela Merkel d'avoir amorcé un virage à gauche, notamment à cause de sa politique sur les réfugiés», estime Simon Fink, politologue à l'université de Göttingen. Et d'ajouter : «Par ailleurs, l'aile droite de la CDU va utiliser ce résultat pour exiger une politique plus conservatrice. Surtout après que l'Autriche [où la droite ultra-conservatrice et l'extrême droite sont sorties gagnantes des élections législatives ce dimanche, ndlr] a démontré qu'on peut gagner des élections avec un programme très à droite.»

Les élections en Basse-Saxe se sont tenues alors qu'Angela Merkel cherche une majorité pour former un nouveau gouvernement. Les discussions avec les libéraux du FDP et les Verts débuteront ce mercredi. Ces derniers risquent ne pas être totalement disposés à une telle alliance, si la droite de la droite se sent en mesure d'imposer ses revendications, à l'instar de celle relative à une très stricte politique d'immigration.

Le SPD soulagé, l’AfD mitigé

Quant aux sociaux-démocrates du SPD, leur victoire électorale revêt surtout une forte valeur symbolique. La Basse-Saxe était le quatrième des 16 Länder à renouveler son Parlement régional en 2017. Les trois scrutins régionaux précédents (en Sarre, au Schleswig-Holstein et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie) ainsi que les élections fédérales avaient entraîné quatre défaites cuisantes consécutives pour le parti de l'ex-président du Parlement européen Martin Schulz. Le même sort menaçait en Basse-Saxe. En effet, en août, un scandale politique avait secoué le Premier ministre social-démocrate Stephan Weil : le quotidien populaire Bild avait alors révélé que Weil avait fait relire et «corriger» une déclaration relative à l'affaire Volkswagen, et ce par les dirigeants de l'entreprise automobile elle-même. Or le Land Basse-Saxe détient 20% des actions de ce groupe à l'image désormais froissée. Pourtant, l'affaire n'a pas gravement affecté la campagne du SPD. «L'industrie automobile est toujours considérée comme étant intouchable par l'opinion publique, estime Simon Fink. D'ailleurs, ni les conservateurs ni les libéraux ne sont vraiment en position de critiquer de façon crédible la proximité de l'exécutif avec l'industrie.»

Certes, pour l’extrême droite, le résultat de ces dernières élections n’est pas un grand succès. Il n’est pas non plus une défaite. Le nord-ouest allemand n’est pas un fief des populistes : aux élections du 24 septembre, l’AfD avait fait ses trois scores les plus bas au Schleswig-Holstein, près de la frontière danoise, à Hambourg et en Basse-Saxe. De plus, la campagne de la branche régionale du parti a été marquée par des intenses querelles internes. Malgré toutes ces bisbilles, l’extrême droite a pu franchir la barrière des 5% et siégera au Parlement régional, à Hanovre.