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Le Caire, mégapole la plus dangereuse au monde pour les femmes

Un classement des grandes agglomérations les plus dangereuses pour les femmes a été publié par la Fondation Thomson Reuters. Il se base sur quatre critères : les violences sexuelles, l'accès aux soins médicaux, les pratiques culturelles et les opportunités économiques.
Manifestation de soutien, au Caire, après l'agression sexuelle d'une femme lors des célébrations marquant la victoire d'Abdel Fatah al-Sissi à l'élection présidentielle Le 11 juin 2014 . (Photo Asmaa Waguih. Reuters )
publié le 17 octobre 2017 à 13h34

Les violences faites aux femmes sont au cœur des débats depuis les révélations des pratiques du producteur américain Harvey Weinstein. Dans ce contexte, la Fondation Thomson Reuters a publié une étude sur les mégapoles mondiales les plus dangereuses pour les femmes en 2017. Dans chacune des 19 mégapoles de plus de 10 millions d'habitants étudiées, sur les 31 référencées par les Nations unies, vingt experts sur les questions féminines – universitaires, membres d'ONG, personnels de soins de santé, parlementaires, commentateurs sociaux – ont été contactés.

Pour établir leur classement du pire (numéro 1) au meilleur (numéro 19), les spécialistes ont été interrogés sur quatre critères. Les violences sexuelles : «Les femmes peuvent vivre dans cette ville sans être confrontées à des risques de violence sexuelle, notamment de viol, d'agression sexuelle ou de harcèlement.» L'accès aux soins médicaux, «y compris le contrôle de la santé reproductive et de la mortalité maternelle». Le troisième paramètre pris en compte concerne les pratiques culturelles : «Les femmes sont protégées contre les pratiques culturelles potentiellement nuisibles, notamment les mutilations génitales, les mariages précoces ou forcés, l'infanticide des filles.» Enfin, les opportunités économiques ont aussi été étudiées, c'est-à-dire l'accès des femmes à «l'éducation, la propriété foncière ou d'autres formes de propriété et les services financiers tels que les comptes bancaires».

Le Caire, mégapole la plus dangereuse

Le Caire est selon cette étude la mégapole la plus dangereuse pour les femmes. La capitale égyptienne a la plus mauvaise note concernant les pratiques culturelles, se classe deuxième pour les opportunités économiques et troisième pour les violences sexuelles ainsi que pour l'accès aux soins. «Nous y voyons des femmes qui luttent dans tous les aspects [de leur vie quotidienne]. Même pour une simple promenade dans la rue, elles sont soumises au harcèlement, verbal ou physique», a déclaré la journaliste égyptienne et militante des droits des femmes Shahira Amin à l'agence. Le Caire est suivie par Karachi et Kinshasa, classées à égalité. La capitale de la République démocratique du Congo (RDC) est considérée comme la pire ville pour les opportunités économiques.

Concernant les violences sexuelles, Delhi et São Paulo sont pointées du doigt. En Inde, la mort d'une jeune femme à la suite d'un viol collectif dans un bus à Delhi, en décembre 2012, avait provoqué d'importantes manifestations, forçant le gouvernement à durcir les peines pour les crimes sexuels. «Même après le viol collectif de Delhi, nous assistons à une augmentation des cas de violence sexuelle. Toutes les mesures prises jusqu'à présent sont les bienvenues, mais elles ne suffisent pas», a déclaré l'avocat Rishi Kant, de l'association Shakti Vahini. Les autorités ont enregistré quatre viols par heure en Inde en 2015. Lima, au Pérou, a été pour sa part désignée comme la mégapole où l'accès aux soins pour les femmes est le plus mauvais. L'avortement est notamment illégal dans ce pays, sauf pour sauver la vie de la mère. Le taux de grossesse chez les adolescentes est également élevé.

Paris sur le podium des villes les plus sûres

Du côté des bons élèves, on retrouve Londres en 19e position. La capitale britannique est la meilleure ville pour les femmes en termes d'opportunités économiques et d'accès aux soins. Tokyo se classe 18e et a été jugée la plus sûre concernant les violences sexuelles. Un titre contesté par certains militants des droits des femmes, qui ont déclaré que ces violences restaient un problème caché. Paris complète le podium des villes les plus accueillantes. La ville lumière est avant-dernière pour l'accès aux soins, 16e pour les opportunités économiques et les violences sexuelles, mais seulement 11e pour les pratiques culturelles. Sur ce dernier point, Moscou a été nommé ville la plus favorable aux femmes.