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Libération
Polémique

Controverse autour de l’appel de Trump à la veuve d’un soldat

Donald Trump était empêtré mercredi dans une nouvelle polémique liée à ses propos lors d’un appel à la veuve d’un soldat mort au combat, sur fond de critiques récurrentes sur son manque d’empathie.
Le sergent américain La David T. Johnson, 25 ans, tué le 4 octobre 2017 dans une embuscade au Niger avec trois autres militaires américains, sur une photo non datée fournie par le département américain de la Défense (Photo -. AFP)
par AFP
publié le 18 octobre 2017 à 22h06

Le président américain avait déjà été montré du doigt pour ne pas avoir appelé plus tôt les proches de quatre Américains tombés le 4 octobre dans une embuscade d’un groupe jihadiste au Niger. Mercredi, Donald Trump a été critiqué pour ses propos, adressés à l'épouse d'une de ces victimes.

La dépouille du sergent, La David T. Johnson, âgé de 25 ans, est arrivée mardi à l'aéroport de Miami, en Floride. Alors qu'elle était en route pour accueillir son cercueil, son épouse, Myeshia Johnson, enceinte de leur troisième enfant, a reçu un appel de Donald Trump dans la voiture, selon Frederica Wilson, élue démocrate de Floride à la Chambre des représentants. «Je n'ai pas entendu toute la conversation téléphonique mais je l'ai entendu dire "je suis sûr qu'il savait ce pour quoi il s'engageait, mais ça reste douloureux"», a affirmé la parlementaire sur CNN. «Cet homme est malade. Il a un coeur de pierre et ne ressent de pitié ou de sympathie pour personne. C'est une veuve en deuil», s'est-elle indignée.

«L'élue démocrate a complétement inventé ce que j'ai dit à l'épouse d'un soldat mort au combat (et j'ai la preuve). Triste!», a rétorqué Donald Trump au petit matin sur Twitter. De quelle preuve parlait-t-il? Dispose-t-il d'un enregistrement? «Non», a répondu sa porte-parole Sarah Huckabee-Sanders, «mais il y avait plusieurs personnes dans la pièce». Tout en refusant de confirmer ou d'infirmer les mots exacts utilisés par le président, cette dernière a assuré que son appel avait été «très respectueux». Jugeant «honteux» que les médias relatent l'échange de la sorte, elle a aussi jugé «affligeant» qu'une élue cherche à politiser ce dossier, une accusation qui a été portée contre le président par nombre d'élus démocrates.

La mère du sergent, Cowanda Jones-Johnson, a confirmé qu'elle avait mal véu cet appel: «Le président Trump a bien manqué de respect à mon fils et ma fille, ainsi qu'à moi et mon mari», a-t-elle affirmé au Washington Post.

Il ne connaissait pas le nom de la victime

Selon l'élue démocrate, la veuve a surtout été attristée que le président ne sache pas le nom de son époux. «Elle pleurait tout le temps et quand elle a raccroché, elle m'a regardé et a dit: "il ne se souvenait même plus de son nom". C'est ça qui a vraiment fait mal», a raconté Frederica Wilson sur MSNBC. Interrogé plus tard à la Maison Blanche, le président a de nouveau démenti. «Je n'ai pas dit ce qu'elle a dit», a-t-il martelé. «J'ai eu une très bonne conversation».

«Je leur ai écrit (aux familles, ndlr) des lettres personnelles», avait expliqué le président lundi, plus de 10 jours après l'attaque qui a coûté la vie à La David T. Johnson. Mais Donald Trump avait aussi déclenché de lui-même une nouvelle polémique en s'en prenant, de façon surprenante sur un sujet d'habitude très consensuel à Washington, à ses prédécesseurs. «Si vous regardez le président Obama et d'autres présidents, la plupart d'entre eux n'ont pas appelé (les familles des soldats tombés au combat)», avait-il lancé, avant de revenir partiellement sur ses propos.

«Arrêtez ce fichu mensonge, vous êtes le président», s'était indigné dans un tweet l'ancien ministre de la Justice de Barack Obama, Eric Holder.