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Libération

Au Japon, l’indéboulonnable Shinzo Abe

publié le 23 octobre 2017 à 20h26

C’est le paradoxe Abe : impopulaire mais élu et réélu sans discontinuer depuis cinq ans. Le Premier ministre à la tête du Parti libéral démocrate et son allié du Komeito ont obtenu dimanche une large majorité à l’Assemblée, avec 313 sièges sur 465, perdant une poignée d’élus dans une Chambre elle-même réduite de 10 places.

Ce nouveau succès pour le roi des urnes Abe est tout sauf une victoire à la Pyrrhus. Pourtant, les enquêtes de popularité indiquent que le désamour est réel entre lui et les Japonais. Deux scandales de corruption et de copinage, l'adoption à marche forcée de lois sécuritaires et défensives décriées par la population et une attitude de plus en plus arrogante à l'Assemblée n'ont pas eu raison du patron de la droite japonaise. Mais son capital est entamé. Le «come-back kid» de la politique nippone, qui avait complètement raté son premier passage à la tête du gouvernement entre 2006 et 2007, est victorieux mais fragile. Après cinq ans à la tête de l'archipel - bientôt un record -, Shinzo Abe tiendra-t-il jusqu'aux JO de 2020 ? Les Japonais sont des pragmatiques réfractaires à tout aventurisme politique. Ils ont voté Abe et la stabilité (avec un mauvais taux de participation) parce que l'opposition était divisée, immature et sans leader. Il n'est pas sûr que cela soit une carte blanche. Sur la réforme de la Constitution pacifiste, le Premier ministre a dit qu'il chercherait le «soutien du plus grand nombre possible». La confiance ne se décrète pas.