Menu
Libération

Royaume-Uni : les universitaires pro-UE priés de se signaler ?

publié le 25 octobre 2017 à 20h26

Le passé est de plus en plus à la mode au Royaume-Uni. Mais il n'est pas forcément sympathique. «Maccarthysme»,«police de la pensée» : le monde universitaire s'étrangle d'indignation. Au début du mois, le député conservateur et très eurosceptique Chris Heaton-Harris a écrit à l'ensemble des recteurs d'université. Dans ce courrier, révélé par le Guardian, il demande aux recteurs la liste «des noms des professeurs impliqués dans l'enseignement des affaires européennes, particulièrement en lien avec le Brexit». Et d'ajouter, courtois : «Si vous pouviez également me fournir le contenu du programme et des liens vers les cours en relation avec ce sujet, je vous en serais extrêmement reconnaissant.»

Mais Heaton-Harris n'a récolté qu'une levée de boucliers. Pour le recteur de l'université de Worcester, David Green, ce «courrier sinistre […] paraît innocent mais il est vraiment dangereux» :«Il s'agit du premier pas vers la police de la pensée, la censure politique.» Le directeur de l'Institut européen à la London School of Economics, Kevin Featherstone, a parlé, lui, d'une lettre «qui reflète un passé de nature maccarthyste. La vraie question est criante : êtes-vous ou avez-vous été en faveur du remain ?»

«Chris est très cérébral et cette requête entre dans le cadre de recherches qui pourraient mener un jour à un livre», a avancé le ministre de l'Education supérieure, Jo Johnson, tentant de défendre l'initiative. Peu convaincu, le recteur de l'université d'Oxford, Chris Patten, a évoqué une «conduite outrageante et débile, d'un léninisme idiot».