Le président catalan destitué Carles Puigdemont et quatre de ses ex-conseillers (des ministres), sous le coup d'un mandat d'arrêt européen émis par Madrid et repliés en Belgique, se sont rendus dimanche matin à la police belge. Ils ont été «privés de liberté», a annoncé un porte-parole du parquet de Bruxelles, et devaient être auditionnés par un juge d'instruction qui devait décider sous vingt-quatre heures de les placer en détention ou de les libérer sous condition ou caution. Les cinq personnes sont visées par des mandats d'arrêt émis par l'Espagne pour sédition, rébellion et détournement de fonds. Le mandat d'arrêt européen a été créé pour faciliter l'extradition entre Etats membres. La procédure judiciaire peut prendre jusqu'à trois mois.
«Nous sommes prêts à collaborer pleinement avec la justice belge après l'émission du mandat d'arrêt européen par l'Espagne», avait écrit Carles Puigdemont sur Twitter, en néerlandais. Mais le dirigeant du Parti démocrate européen pour la Catalogne (PDeCAT) et son avocat ont aussi fait part de leur volonté de s'opposer à ce mandat. «Je vais aller à la justice mais à la vraie justice», avait déclaré le président démis lors d'un entretien à la RTBF. Selon lui, il n'existe pas à Madrid les garanties d'une «sentence juste, indépendante qui puisse échapper à cette énorme pression, à cette énorme influence de la politique sur le pouvoir judiciaire en Espagne». A Madrid, huit membres du gouvernement démis ont été inculpés et mis en détention jeudi. «Les autorités judiciaires belges pourraient refuser la remise de M. Puigdemont s'il y a des risques avérés et sérieux de non-respect des droits fondamentaux s'il est remis à l'Espagne et si les autorités judiciaires belges considèrent que les faits qui sont reprochés à Puigdemont ne sont pas des infractions pénales en droit belge», a expliqué à l'AFP Anne Weyembergh, de l'Institut d'études européennes de l'Université libre de Bruxelles. Mais les cas de refus sont rares, estiment plusieurs juristes à Bruxelles. Carles Puigdemont a été désigné tête de liste de son parti, le PDeCAT, pour les législatives régionales anticipées du 21 décembre.