Aux élections législatives de 2001, Silvio Berlusconi avait remporté en Sicile 61 des 61 circonscriptipons en jeu. Cette fois, Forza Italia n’a pas triomphé. Mais le candidat de la coalition de droite soutenue par l’homme d’affaires a tout de même remporté lundi dans l’île les élections régionales partielles qui faisaient figure de dernier grand test politique avant le scrutin national prévu au début de l’année 2018.
A la tête d’une coalition réunissant Forza Italia, une partie du centre, les nationalistes de Fratelli d’Italia et la Ligue du Nord de Matteo Salvini qui s’aventurait en Sicile pour compter sur tout le territoire italien, le postfasciste Nello Musumeci est sorti en tête du scrutin avec près de 40% des suffrages. Cette victoire confirme le retour sur le devant de la scène politique italienne de Silvio Berlusconi, malgré son âge (81 ans), ses casseroles judiciaires et son bilan calamiteux au pouvoir, qu’il avait d’ailleurs dû quitter précipitamment, en 2011, en pleine crise financière.
Forza Italia obtient plus de 15% des voix et redevient le pilier de la coalition de droite. Pour le Cavaliere de nouveau en selle : «Avec cette coalition nous pouvons gagner n'importe où», c'est-à-dire au niveau national. «Nous avons démontré qu'unis, nous sommes les seuls à pouvoir faire rempart au Mouvement 5 étoiles (M5S), qui représente le vrai danger», a-t-il ajouté. Le parti de Beppe Grillo désormais dirigé par le jeune vice-président de la Chambre des députés Luigi Di Maio n'a par réussi à prendre d'assaut le palais des Normands, siège du palais régional. Mais il sort quand même renforcé de l'épreuve sicilienne. Après une intense campagne sur le terrain, son candidat Giancarlo Cancelleri n'est distancé par Nello Musumeci que d'environ 4 points.
Néo-fascistes en arbitre
Le Mouvement 5 étoiles a doublé son score par rapport aux dernières régionales de 2012 et s'affirme avec 27% comme la première formation de l'île. Dans la circonscription d'Ostie, près de Rome, où une élection municipale partielle était également organisée dimanche, le Mouvement 5 étoiles obtient aussi un bon score (30,2%) malgré la gestion chaotique de la capitale par la maire, Virginia Raggi. Dans cette circonscription importante (180 000 électeurs), la candidate grilliniste affrontera dans quinze jours au ballotage la représentante de la droite distancée de 3,5 points. Les néo-fascistes de Casa Pound dont le candidat a fait une percée avec 9% des voix pourraient faire office d'arbitre.
«Nous sommes les vainqueurs moraux», a commenté Beppe Grillo à l'annonce des résultats en Sicile. En revanche, le scrutin dans l'ïle représente une nouveau revers pour Matteo Renzi, le patron du Parti démocrate qui gouvernait en Sicile depuis 2012. Son candidat Fabrizio Micari, recteur de l'université de Palerme, n'arrive que troisième avec seulement 19% des voix. En guise d'explication, l'entourage de l'ancien président du Conseil avance les divisions de la gauche (Claudio Fava pour la gauche radicale a obtenu 6%) et la forte abstention. Plus d'un Sicilien sur deux ne s'est pas rendu aux urnes.
Mais pour Matteo Renzi, cette régionale partielle sonne comme un signal d'alarme très inquiétant. Le vote témoigne en partie d'un rejet personnel qui s'exprime depuis l'échec du référendum sur les réformes constitutionnelles, en décembre 2016, qui l'avait poussé à la démission. Le scrutin de dimanche pourrait ainsi rallumer les contestations à l'endroit du secrétaire national, au sein du Parti démocrate. D'une certaine manière, Matteo Renzi espérait se relancer et effacer le vote sicilien à l'occasion d'un débat télévisé prévu mardi soir avec le jeune Luigi Di Maio. Mais lundi matin, le responsable grilliniste a annulé la rencontre. Crainte d'une confrontation face à un Toscan rompu à la machine médiatique ou stratégie politique ? «J'avais demandé un débat avec Renzi quand il était le candidat à la présidence de son camp. Le tremblement de terre des élections siciliennes a changé la perspective», a argumenté Luigi Di Mario ajoutant en forme de provocation : «Le Parti démocrate est politiquement mort. Notre concurrent n'est plus Renzi.»