La saga Charles Manson ne s’est pas arrêtée avec sa condamnation à mort, en 1971. Lorsque la cour suprême de Californie déclare la peine capitale inconstitutionnelle, en 1972, la sentence du gourou de la secte la Famille est commuée en peine de prison à vie. S’ouvrent alors quarante-six années de réclusion mouvementées.
Bien que confiné à l'isolement dans diverses prisons californiennes, Charles Manson a continué d'exercer son influence sur une kyrielle de disciples. Toute sa vie, le cerveau de la vague de meurtres de l'été 1969 continuera ainsi à recevoir quantité de courriers et de visiteurs au parloir. Psychopathe dégénéré ? Gourou charismatique ? L'Amérique est longtemps restée fascinée par l'artiste raté meurtrier, symbole de la rencontre entre Hollywood et la dégénérescence du mouvement hippie. Les chaînes de télévision, qui ont accordé à Manson pas moins de quatre interviews dans les années 80, ont participé à entretenir le souvenir de la secte barbare, à tel point que l'interview de Charlie Rose, en 1986, fut primée aux prestigieux Emmy Awards. La vie du psychopathe a par ailleurs fait l'objet de nombreuses œuvres, dont le documentaire Charles Manson Superstar (1989) ou le best-seller Helter Skelter de Vincent Bugliosi, le procureur lors du procès Tate-LaBianca, plusieurs fois adapté au petit écran. Méthodiquement gravée dans la culture populaire américaine, l'histoire du natif de Cincinnati a traversé les décennies. Jusqu'à faire l'objet d'une série télé, Aquarius, diffusée sur la chaîne NBC en 2015 et 2016.
Ces productions ont maintenu l’influence de Manson sur un cercle hétéroclite d’admirateurs. L’homme, qui a longtemps relayé des thèses suprémacistes, a semblé progressivement bifurquer vers la cause environnementale. Sa jeune fiancée et son plus fidèle disciple, un homme d’une soixantaine d’années dénommé «Gray Wolf», relayaient dernièrement les prêches écolos du maître sur les réseaux sociaux. Plusieurs sites internet vendant peintures, vêtements et enregistrements à la gloire de l’ancienne secte du ranch de Spahn tentaient ainsi de maintenir l’ancienne flamme luciférienne.
Manson, débarqué en Californie en 1967 en rêvant de célébrité, a lui-même œuvré à maintenir l’intérêt du public, notamment lors de la publication en 1987 d’une biographie, Charlie Manson In His Own Words. Alimentée par ses soins, cette notoriété lui a coûté d’être brûlé au troisième degré par un codétenu en 1984. Pas calmé pour autant, Manson continuera, jusqu’à la fin de sa vie, à harceler les personnels pénitentiaires. Un porte-parole de l’administration pénitentiaire de Californie révélait ainsi récemment que le célèbre détenu, pourtant confiné dans un quartier de haute sécurité, avait enfreint les règles près de cent fois durant sa peine, notamment pour possession de scies à métaux.