Vingt-cinq ans après les premiers massacres de masse en Bosnie-Herzégovine, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a condamné Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, à la prison à vie. Surnommé le «boucher des Balkans» pour sa responsabilité dans des crimes qui ont fait plus de 100 000 morts et déplacé plus de 2,2 millions de personnes entre 1992 et 1995, il a été reconnu coupable d'un des deux chefs de génocide, de cinq chefs de crimes contre l'humanité et de quatre chefs de violations des lois ou coutumes de la guerre. L'accusation avait requis la perpétuité, la peine «que M. Mladic mérite sur la base des preuves présentées et compte tenu du haut niveau de responsabilité».
Cette condamnation de l' «architecte de la politique de nettoyage ethnique», selon les mots du procureur Serge Brammertz, intervient plus de vingt mois après celle de Radovan Karadzic, le leader politique des Serbes de Bosnie, qui avait écopé de quarante ans de prison, notamment pour le génocide de Srebrenica. Ce verdict infligé à Mladic -qui a annoncé vouloir faire appel du jugement - clôt un quart de siècle de conflits et une longue quête de justice.
L’annonce de la peine a été retardée après que l’accusé a obtenu une longue pause pour se rendre aux toilettes. Ses avocats ont alors avancé qu’il souffrait d’hypertension et demandé un report du verdict. Revenu dans la salle d’audience très énervé, il a été évacué à la demande du juge Alphons Orie. Menée par l’avocat Dragan Ivetic, la défense de Mladic avait tenté à de nombreuses reprises de reporter ce verdict en brandissant l’argument de sa mauvaise santé.
Le 11 juillet 1996, un an après la chute de Srebrenica, le tribunal de La Haye avait délivré un mandat d’arrêt à l’encontre de Mladic et Karadzic. L’année suivante, le «boucher des Balkans» avait quitté la direction de l’armée des Serbes de Bosnie et gagné la clandestinité. Ce n’est que le 26 mai 2011 qu’il avait été arrêté à Lazarevo, en Serbie, chez un de ses cousins. La cavale prenait fin. Mladic devait rendre des comptes. C’est chose faite.