«Spoutnik» n'a pas toujours été synonyme de propagande. Avant d'être détourné par le Kremlin pour baptiser un site d'informations biaisées, complotiste et proche de ses intérêts (Sputnik), le mot, qui signifie en russe «compagnon de route» et «satellite», a surtout symbolisé l'un des grands exploits de l'histoire soviétique. Le lancement par l'URSS de Spoutnik 1, le premier satellite artificiel de la Terre, le 4 octobre 1957, avait inauguré la course à l'espace et fait enrager les Américains. Un mois plus tard, Spoutnik 2 emmenait dans les étoiles le premier mammifère, la chienne Laïka.
Mais mardi, soit soixante ans après son entrée triomphale dans l’ère spatiale, la Russie a essuyé un (énième) revers embarrassant. Le satellite météorologique Meteor a bien décollé depuis le cosmodrome Vostotchny, dans l’extrême orient russe, mais le contact a été perdu quelques heures plus tard. L’incident est d’autant plus regrettable que le secteur spatial russe a été marqué ces dernières années par une série de déconvenues : désintégration d’un vaisseau cargo Progress, perte de plusieurs fusées Proton M et de sondes satellites, échecs à répétition de lancements militaires et civils…
Le nouveau cosmodrome Vostotchny, un des projets pharaoniques de Vladimir Poutine, construit à grands frais - 4 à 5,3 milliards d’euros -, devait incarner le renouveau des ambitions cosmiques russes et la fin des difficultés. Il a fini par refléter l’état des affaires dans le pays : le chantier a été émaillé par des cas de corruption et d’enquêtes pour détournements de fonds, tandis que les spécialistes dénoncent une perte d’expertise dans le secteur spatial, dirigé désormais par des hommes politiques et des businessmen.
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