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Libération
Analyse

Irlande

publié le 5 décembre 2017 à 21h36

Si les critères étaient soigneusement appliqués au sein des vingt-huit membres de l'Union européenne, l'Irlande serait probablement qualifiée de paradis fiscal. Son régime extrêmement favorable aux multinationales, leur permettant de payer peu, voire pas d'impôts, est montré du doigt depuis plusieurs années déjà. Il a aidé le petit pays à attirer sur son sol de grands noms, comme Apple, mais aussi Google, Facebook ou Microsoft, qui y ont installé leurs quartiers généraux européens. La semaine dernière, le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a déclaré à l'Irish Times que le pays était un «paradis fiscal» permettant aux entreprises de «placer leur argent et d'éviter de payer des taxes».

En août 2016, la Commission européenne a épinglé Dublin à cause d’un régime fiscal trop favorable à la compagnie Apple : il lui avait permis d’économiser 13 milliards d’euros. En 2013, Apple avait confirmé au Sénat américain que deux de ses filiales en Irlande ne déboursaient que 2 % d’impôts sur les entreprises. En réaction, la Commission a demandé à Dublin de collecter les impôts non payés, jugeant la situation illégale car elle favorisait une firme par rapport aux autres. Face à l’extrême réticence du gouvernement irlandais, la commissaire européenne à la Compétition, la Danoise Margrethe Vestager, a porté le cas en octobre devant la Cour de justice de l’UE.

Lundi, le ministre irlandais des Finances a finalement annoncé qu’un accord avec Apple avait été trouvé et que les 13 milliards d’euros commenceront à être versés en janvier. La somme totale devrait être payée d’ici la fin du premier trimestre. Elle restera bloquée sur un compte, le temps que l’appel déposé devant la Commission européenne par Apple, mais aussi par le gouvernement irlandais, soit entendu.