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Analyse

L’Espagne ne réclame plus Puigdemont

publié le 5 décembre 2017 à 20h36

La justice belge devait répondre le 14 décembre à la demande espagnole d’extradition de Carles Puigdemont, le président catalan destitué, et quatre de ses ex-ministres régionaux exilés comme lui en Belgique. Mais à la surprise générale, l’Espagne a retiré mardi les mandats d’arrêt européens visant les cinq hommes.

Le juge d’instruction de la Cour suprême siégeant à Madrid maintient cependant le mandat d’arrêt espagnol contre eux : si les expatriés reviennent en Espagne, ils seront arrêtés. L’hypothèse est plausible : les cinq inculpés sont candidats aux élections régionales du 21 décembre, et Puigdemont aspire à retrouver le poste de président de région dont il a été déchu.

Dans son ordonnance, le juge relève que, depuis l'émission des mandats d'arrêt, les inculpés «ont manifesté l'intention de retourner en Espagne pour y exercer des mandats électoraux». Il explique en outre vouloir éviter le risque que la justice belge ne retienne pas tous les motifs invoqués contre les dirigeants indépendantistes qui ont préparé la sécession manquée de la Catalogne. Carles Puigdemont et ses collègues sont poursuivis pour «rébellion», «sédition» et «détournement de fonds publics», dans une enquête sur le processus ayant débouché le 27 octobre sur une proclamation unilatérale de la «République catalane» à Barcelone.

Lundi, le même juge d’instruction avait ordonné la libération, contre une forte caution, de six autres ex-ministres régionaux. Mais avait gardé en détention le vice-président déchu, l’ex-ministre de l’Intérieur et deux dirigeants de mouvements indépendantistes.

Image fâcheuse pour le gouvernement de Mariano Rajoy, qui a décrété la mise au pas de la région rebelle : l’accueil des libérés par leurs partisans aux portes de la prison lundi soir rappelait celle, en 1976, de la sortie des derniers détenus politiques du franquisme. Ce mercredi, le pays fête les 40 ans du référendum d’adoption de la Constitution, signal du retour de l’Espagne à la démocratie.