«Rappelez-vous de ce que Misha a dit : "Il ne faut pas abandonner la lutte!"» Malgré son russe hésitant, Sandra Roelofs est acclamée par une foule d'au moins 15 000 personnes, réunies dimanche sur le Maïdan, la place de l'Indépendance à Kiev. La Néerlandaise a dû s'improviser porte-parole de son mari, l'ancien président de Géorgie, Mikheïl Saakachvili, arrêté vendredi.
Engagé dans la politique ukrainienne depuis 2015, le Géorgien est entré en opposition frontale avec le président Petro Porochenko. Depuis le 17 octobre, il encercle le Parlement d'un camp de tentes. Ses partisans, notamment des paramilitaires, exigent des résultats sur la lutte anticorruption et la destitution du Président. Après un scandale autour du retrait de sa citoyenneté ukrainienne, Mikheïl Saakachvili s'est vu accusé de fomenter un «coup d'Etat» par le procureur général, Iouri Loutsenko. Le magistrat l'accuse de «faire partie de groupes criminels» financés par des proches de l'ancien président autoritaire Viktor Ianoukovitch, aujourd'hui en exil en Russie. Le Géorgien pourrait être assigné à résidence pendant la durée de son procès. Il risque soit la prison en Ukraine, soit une extradition vers sa Géorgie natale, où il est recherché pour abus de pouvoir pendant sa présidence.
Plusieurs experts doutent néanmoins de la véracité des enregistrements audio et vidéo présentés par Loutsenko. Pour Ioulia Timochenko, ancienne figure de la Révolution orange de 2004, l'affaire est politique. «Porochenko entretient une spirale de corruption et d'autoritarisme.» Dimanche, c'est pour exiger la destitution du Président que les manifestants ont défilé sous une forte chute de neige.