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Libération

La chasse à courre mal en cour

publié le 14 décembre 2017 à 20h46

C’était un samedi après-midi de la fin octobre comme les autres à Lacroix-Saint-Ouen, dans l’Oise. Une journée d’automne banale, en somme, jusqu’à ce qu’un cerf, poursuivi par des chasseurs à courre et leurs chiens, trouve refuge dans la rampe d’accès au garage d’un pavillon de la rue des Veneurs (véridique !) et soit abattu de deux coups de fusil par le maître d’équipage, Alain Drach, sous les regards médusés des riverains. La scène, filmée et mise en ligne par les anti-chasse, a également choqué les internautes. Mais elle a surtout redonné du poil de la bête aux opposants à la chasse à courre, un loisir aristocratique hérité de l’Ancien Régime, fort d’une dizaine de milliers de pratiquants et dont la France est l’un des derniers bastions en Europe.

Quelques jours après, la fondation 30 Millions d’Amis lançait une pétition pour son abolition, tandis que la Société protectrice des animaux décidait de porter plainte au pénal contre le maître veneur et sa compagnie compiégnoise pour «sévices et acte de cruauté».

Dans un sondage Ifop pour la fondation Brigitte Bardot, dévoilé début décembre, 84 % des personnes interrogées affirment être contre cette pratique. «J'observe depuis plusieurs années des conflits d'usage entre les veneurs, les riverains et les promeneurs en forêt, ça finit en général dans les larmes et le sang, il est temps d'en finir», plaide la sénatrice PS Laurence Rossignol, à l'origine du dépôt, fin novembre, d'une proposition de loi pour interdire la venerie à compter de juin 2018. Mais, à l'instar de plusieurs tentatives avortées pour abolir ce «privilège moyenâgeux», son texte a peu de chance d'aboutir, le Sénat comptant d'éminents chasseurs. Dont son président, Gérard Larcher.