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Libération

Au Chili le milliardaire Piñera revient aux affaires

publié le 18 décembre 2017 à 20h26

Dimanche, les électeurs ont confié un nouveau mandat de quatre ans au richissime Sebastián Piñera, qui a déjà gouverné le Chili entre 2010 et 2014. Sa nette victoire (54,6 % des voix contre 45,4 %) sur le candidat de gauche, Alejandro Guillier, accentue le virage à droite constaté en Amérique latine depuis 2015. «Au premier tour, nous avons obtenu moins de votes qu'attendu, et au second tour plus que prévu», s'est réjoui le leader conservateur, dans une allocution prononcée au côté de son rival, qui a promis de diriger «une opposition constructive». Le successeur de Michèle Bachelet ne disposera pas, il est vrai, de majorité au Parlement. Les législatives, organisées lors du premier tour et pour la première fois à la proportionnelle, y ont laissé un paysage fragmenté. Avec l'émergence d'une gauche alternative, dont la candidate Beatriz Sánchez a totalisé 20 % au premier tour.

Sebastián Piñera, 68 ans, est l'un des hommes les plus riches du Chili, pays qui constitue depuis les années 90 un pôle de stabilité politique et de dynamisme économique dans la région. Le magazine Forbes estime sa fortune à 2,3 milliards d'euros.

Cet hyperactif, qui assure ne dormir que cinq heures par nuit, se dit passionné d'histoire et grand lecteur. Parmi ses soutiens (et amis), figure l'Hispano-Péruvien Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature. Mais Piñera est aussi célèbre pour ses gaffes. En juin, il avait lancé : «Je vous propose un petit jeu, les femmes se jettent au sol et font les mortes, et nous, les hommes, nous jetons sur elles et faisons les vivants.» «Plaisanter avec le viol, c'est mépriser toutes les femmes», avait riposté Michelle Bachelet. Un tel profil inquiète par le risque de recul sur les libertés acquises lors du mandat de la présidente socialiste (mariage gay, dépénalisation limitée de l'avortement). Un test pour le nouveau président, qui entrera en fonction le 18 mars, sera la réforme de la loi contre les discriminations. Avant celles des retraites et de l'éducation.