Menu
Libération
Profil

Inés Arrimadas, figure de proue des Catalans non catalanistes

Catalogne: vers l'indépendance?dossier
La liste menée par la centriste de 36 ans, qui était en première ligne contre l’exécutif sortant, pourrait arriver en tête du scrutin de ce jeudi.
Inés Arrimadas, candidate du parti Ciudadanos pour les élections régionales catalanes, mardi à Barcelone. (Photo Josep Lago. AFP)
publié le 20 décembre 2017 à 20h26

Son visage aimable encadré de cheveux noirs, ses tenues élégantes et son langage spontané se sont imposés dans le paysage politique espagnol, au point de faire d’Inés Arrimadas une des personnalités marquantes de l’année. En Catalogne, la députée du parti Ciutadans («citoyens», Ciudadanos dans le reste du pays) a été pendant deux ans la cheffe de file de l’opposition au Parlement régional. Pour les législatives de ce jeudi, elle mène la liste placée en tête des intentions de vote par les sondages.

Inés Arrimadas, 36 ans, incarne la voix des Catalans non catalanistes, rôle jadis dévolu aux socialistes ou au Parti populaire du Premier ministre Rajoy. Elle est portée en outre par la success story de Ciudadanos, parti centriste et libéral fondé en 2006 par Albert Rivera en Catalogne pour résister au «nationalisme obligatoire» et lutter contre la corruption.

Formules qui font mouche

Dans ses meetings en périphérie de Barcelone, où vit une forte population d'immigrés de l'intérieur, la dirigeante a insisté sur ses racines andalouses, dont il lui reste un soupçon d'accent du Sud. De façon un peu forcée : ses parents, originaires de Salamanque, s'étaient installés à Séville pour raisons professionnelles. Arrivée à Barcelone pour étudier le droit, elle rencontre un dirigeant de Convergence et Union, ancêtre du PDeCAT du président sortant de l'exécutif, Carles Puigdemont. Avec ce mariage, l'époux met fin à son activité militante. Grâce à ses formules qui font mouche, Inés Arrimadas a rapidement attiré les caméras. «Les indépendantistes vivent dans Matrix», a-t-elle ainsi déclaré lors du dernier débat télé entre candidats. Elle a aussi imposé le concept de «monotema», l'indépendance comme idée fixe du gouvernement séparatiste qui, pendant deux ans, a négligé les politiques sociales et environnementales pour tout consacrer à l'aventure séparatiste.

«Machisme»

C'est aussi une figure de proue du combat contre les réflexes misogynes. En septembre, elle recevait le soutien de tout le spectre politique après un commentaire publié sur Facebook par une sympathisante indépendantiste qui lui souhaitait «un viol collectif» car «c'est tout ce que mérite cette chienne répugnante». L'humoriste Toni Albà, qui œuvre sur la chaîne publique catalane TV3, la traitait de «mala puta» (la traduction est superflue). Et une journaliste indépendantiste lui demandait sur les ondes de Rac 1 : «Si vous parvenez à former un gouvernement, qui dirigera, [votre mari] ou vous ?» Réponse de l'intéressée : «Avez-vous posé la même question aux candidats hommes ?» Sur l'antenne de Telecinco, fin novembre, Inés Arrimadas résumait : «Qu'on nous juge, nous femmes en politique, sur le physique ou sur l'habillement, en bien ou en mal, relève du machisme.» Pour atteindre son objectif de devenir présidente de la région, elle devra non seulement arriver en tête du scrutin mais former une majorité au Parlement avec le parti socialiste, dont elle n'a pas épargné le chef de file, Miguel Icetae. Et pactiser avec Podemos, ce qui à l'heure actuelle semble exclu.