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Libération
Conflit israélo-palestinien

A Paris, Mahmoud Abbas juge les Etats-Unis «disqualifiés» dans leur rôle de médiateur

Ragaillardi par le soutien international, le leader palestinien réputé pour son attitude conciliante a affiché une fermeté de ton inhabituelle à l’égard de Washington après la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, à l'Elysée le 22 décembre. (Photo François Moric. AFP)
publié le 22 décembre 2017 à 17h10

Les Etats-Unis se sont «disqualifiés» dans tout processus de paix au Proche-Orient, selon Mahmoud Abbas. Ils sont «marginalisés», a nuancé Emmanuel Macron qui a reçu le président de l'Autorité palestinienne, vendredi matin. Le rôle habituel de Washington comme médiateur dans le conflit israélo-palestinien est mis en cause au lendemain du vote de l'Assemblée générale des Nations unies à une majorité des deux-tiers de ses membres contre la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël.

«Nous n'accepterons aucun plan de la part des Etats-Unis à cause de cette violation du droit international», a déclaré Abbas à l'issue de son entretien à l'Elysée. Ragaillardi par le soutien international, le leader palestinien réputé pour son attitude conciliante et sa modération affiche une fermeté de ton inhabituelle à l'égard de Washington. Il avait aussi vivement critiqué les menaces financières adressées par les Etats-Unis aux pays susceptibles de condamner leur position sur Jérusalem à l'ONU. «On ne peut pas imposer au monde des positions en utilisant l'argent. On ne peut pas payer des Etats en exigeant qu'ils adoptent une position politique donnée», a affirmé le président de l'Autorité palestinienne.

Le pari d'un rapprochement entre les pays sunnites

Mahmoud Abbas avait déjà annoncé son refus de rencontrer le vice-président américain, Mike Pence, lors de son voyage au Proche-Orient, initialement prévu cette semaine, opportunément repoussé à mi-janvier. La tournée de Pence au Proche-Orient, annoncée par Donald Trump dans la foulée de sa décision provocatrice sur Jérusalem il y a trois semaines, visait à relancer une prochaine initiative de paix américaine. Celle-ci est élaborée depuis des mois par Jared Kushner, gendre et conseiller du Président américain mais aussi très proche du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Elle parie sur un rapprochement entre les pays sunnites, menés par l’Arabie Saoudite, et Israël, censés s’allier face à l’Iran chiite, l’ennemi commun. Une démarche mise à mal aujourd’hui à cause de la mobilisation des pays arabes et musulmans autour de Jérusalem, y compris parmi les plus grands alliés des Etats-Unis dans la région comme l’Arabie Saoudite ou l’Egypte. Au grand soulagement des Palestiniens méfiants vis-à-vis de cette nouvelle approche de la Maison Blanche. Au sein de l’administration américaine, on se veut confiant. La décision sur Jérusalem n’aura in fine qu’un impact limité, assurent des responsables cités par l’AFP, persuadés que les dirigeants du monde arabo-musulmans condamnent Washington pour satisfaire leur opinion publique, mais seraient prêts à tourner la page.

En attendant, Mahmoud Abbas peut être satisfait de cette séquence qui a alerté le monde sur le statut de Jérusalem et réveillé l'intérêt pour la question palestinienne, marginalisée ces dernières années. Comme s'enthousiasmait son illustre prédécesseur Yasser Arafat, même quand un drame venait de frapper son peuple : «Les choses bougent ! C'est l'essentiel