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Libération

Un président à distance pour la Catalogne ?

publié le 10 janvier 2018 à 20h26

Le 17 janvier, le Parlement catalan tiendra sa première séance. Les députés élus le 21 décembre devront ensuite désigner le président de la région, qui succédera à Carles Puigdemont, démis de ses fonctions le 31 octobre après sa déclaration unilatérale d’indépendance de la Catalogne. Sur le papier, l’équation est claire : les trois listes indépendantistes cumulent 70 députés, deux de plus que la majorité absolue. Elles devraient logiquement investir Puigdemont, candidat du parti arrivé en tête, le PdeCat. Or le sortant, exilé en Belgique pour échapper à la justice espagnole, n’a aucune intention de rentrer à Barcelone. Et son idée de diriger via Skype est loin de faire l’unanimité.

Mardi soir, Carles Puigdemont et Marta Rovira, numéro 2 du parti indépendantiste ERC, se sont rencontrés à Bruxelles. L’entrevue a débouché sur un pacte, mais mercredi matin, les deux parties semblaient en avoir une interprétation différente. Les partisans de l’ex-président donnent pour acquis qu’il suivra la séance inaugurale par visioconférence, et que son discours d’investiture sera lu par un autre élu du PdeCat. Pour ERC, cette hypothèse doit auparavant être validée par les experts juridiques du Parlement régional.

Le PdeCat tient à la reconduite de son leader, même s’il faut bricoler un scénario abracadabrant. La restauration du président montrerait que le peuple catalan, par la voie pacifique du suffrage universel, a annulé les effets de l’article 155 de la Constitution, employé par Madrid pour mettre fin à l’équipée indépendantiste.

Au-delà de la validité ou non de la candidature Puigdemont, il y a d’autres variables à prendre en compte. L’une d’elles est l’attitude de la Candidature d’unité populaire, formation de gauche radicale et indépendantiste qui a obtenu quatre sièges. Sans eux, le bloc formé par PdeCat et ERC n’atteint pas la majorité absolue. Si, à la fin du mois, la Catalogne n’a toujours pas de président, il ne restera qu’une issue : organiser de nouvelles élections régionales.