A Gurgaon, cité d'affaires à la sortie de New Delhi, les cinémas sont protégés par des policiers. Comme dans des dizaines de salles du nord de l'Inde, les cinéphiles doivent traverser ces rangées d'hommes armés pour aller voir Padmaavat, sorti jeudi. La veille, un bus scolaire avait été caillassé, des véhicules incendiés, et des salles de ciné saccagées.
Padmaavat est la transposition bollywoodienne d'un épisode de l'histoire médiévale du Rajasthan : la bataille du fort de Chittor, que le sultan musulman Alâ ud-Dîn Khaljî a lancée contre le roi local afin de capturer la reine Padmini. Si l'existence même de celle-ci n'a pas pu être prouvée, la fable est ancrée dans l'imaginaire de la communauté des rajpouts, descendants des rois du Rajasthan. L'équipe du film a tenté de désamorcer les rumeurs qui prétendaient qu'il montrait une scène d'amour entre la reine et le sultan. Mais la colère des rajpouts n'est pas retombée. Depuis un an, un groupe radical n'a eu de cesse de saccager le tournage puis de mettre à prix les têtes du réalisateur et de l'actrice qui joue le rôle de la reine.