Le 30 janvier devait être le jour J, l’heure de vérité, le moment où Carles Puigdemont allait retrouver son siège de président de la Catalogne dont le pouvoir central l’a chassé le 30 octobre. A l’arrivée, il n’y a pas eu d’investiture mardi. L’élection du président régional par les députés est repoussée à une date non encore fixée, même si Puigdemont reste le seul candidat.
Les indépendantistes, majoritaires dans l’Assemblée, et en particulier le président du Parlement Roger Torrent, n’ont pas trouvé le moyen de sortir de l’imbroglio politico-juridique dans lequel les place l’entêtement du président démis. Réfugié volontaire à Bruxelles depuis trois mois pour fuir les poursuites de la justice espagnole, il a insisté pour être intronisé par n’importe quel moyen. Mais sa présence par vidéoconférence a été exclue par le Tribunal constitutionnel, et le candidat ne veut pas prendre le risque d’un retour en Espagne, synonyme quasi certain de mise en détention.
Dans la matinée, le président de l'Assemblée s'en était pris au Tribunal constitutionnel, qualifiant de «travail bâclé» sa décision d'invalider tout vote en faveur d'un candidat absent de l'hémicycle, et obligeant Puigdemont à demander au juge de la Cour suprême chargé de l'enquête qui le vise l'autorisation de comparaître devant la chambre. L'ex-président a «tous les droits» d'être réélu, puisque sa candidature est le fruit «d'une volonté majoritaire des élus de la chambre» a ajouté Roger Torrent.
Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés dans l’après-midi devant le Parlement à Barcelone, certains portant des masques à l’effigie du président déchu. Comment débloquer la situation ? Pour Xavier Domènech, leader de Catalunya en Comu, le parti allié à Podemos, la seule solution serait le choix par les séparatistes d’un autre candidat à la présidence. Ce qui reviendrait à abandonner à leur sort Carles Puigdemont et les quatre ministres qui l’accompagnent dans sa retraite bruxelloise.