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Libération

Christian Thimann : «Nous proposons la création d’un standard européen sur la finance verte.»

Christian Thimann, président du groupe d’experts sur la finance verte désignés par la Commission européenne
par Recueilli par Aude Massiot
publié le 31 janvier 2018 à 20h06

Le High-Level Expert Group (HLEG) a remis ce mercredi son rapport sur la finance durable commandé en 2016 par la Commission européenne. Christian Thimann, conseiller spécial auprès du président du groupe Axa et président du HLEG, explique à Libération les grandes mesures du rapport, feuille de route sur laquelle Bruxelles va s'appuyer pour construire son plan d'action qui devrait être présenté en mars.

Comment faire pour que la finance durable ne tombe pas dans les mêmes travers que la conventionnelle ?

La finance durable a deux impératifs : arrêter de regarder uniquement les risques financiers mais aussi ceux liés à l’environnement, à la société, aux politiques ; et travailler sur des perspectives de long terme. Une partie de la finance n’agit qu’en fonction de rendements de court terme. Mais ce n’est pas possible pour des projets comme la construction d’un parc éolien ou d’une école inscrite dans un programme de lutte contre les inégalités sociales. Des projets sur plusieurs décennies. Nous avons besoin d’une finance patiente.

Quels sont les principaux freins au développement de la finance durable ?

Il manque un cadre commun pour encadrer et guider les acteurs qui sont déjà nombreux à être investis dans le domaine. Ce cadre doit être européen. Dans notre rapport, nous avons étudié toute la chaîne d'investissements. Il apparaît, par exemple, que de nombreux intermédiaires, comme les banques, ne proposent pas systématiquement les produits financiers verts ou durables aux investisseurs finaux, c'est-à-dire les ménages ou les entreprises. Mais il y a un autre sujet où des améliorations sont nécessaires, c'est celui des obligations vertes [emprunt émis par une entreprise ou une entité publique auprès d'investisseurs pour permettre de financer des projets contribuant à la transition écologique, ndlr]. Nous proposons la création d'un standard européen. Le but n'est pas d'avoir plus de bureaucratie mais plus de clarté.