Des journalistes de l'agence Associated Press ont publié jeudi des preuves d'un massacre à grande échelle mené à la fin du mois d'août dans le village de Gu Dar Pyin. L'envoyée spéciale des Nations unies en Birmanie, Yanghee Lee, a parlé de «caractéristiques d'un génocide», marquant un pas de plus dans la condamnation de la campagne de nettoyage ethnique menée par les autorités birmanes contre la population rohingya. Dans un récit difficilement soutenable, les journalistes d'AP décrivent «des cadavres sans tête ni torse [qui] émergent de flaques de boue acide bleu-vert. Des mains squelettiques semblent griffer l'air […] sur les vidéos obtenues par AP et tournées treize jours après la tuerie». Ro Nay San Lwin, un militant rohingya joint par Libération qui a rencontré des survivants de Gu Dar Pyin, assure que les soldats, aidés par des milices bouddhistes locales, dépendaient du bataillon 564. Cette unité de l'armée est connue pour faire régner depuis plus d'un an la terreur sur la population musulmane du district de Buthidung. Basé à une vingtaine de kilomètres au nord, près de Maung Nu Para, le bataillon est dirigé par le sergent Ba Kyaw. D'après Ro Nay San Lwin, qui a pu joindre dans la journée un habitant de Gu Dar Pyin resté sur place, des militaires ont fait irruption dans le village birman jeudi matin après la parution de l'article d'AP, peut-être pour faire disparaître les corps.
«Les leaders de la communauté dans les camps de réfugiés [rohingyas] ont dressé une liste de 75 morts, dans le village birman de Gu Dar Pyin, les villageois estiment que le bilan pourrait être de 400.»
publié le 1er février 2018 à 20h36
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