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Libération

Dans Le Nord-Ouest La bataille du bétail

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publié le 12 février 2018 à 19h46

Les axes de circulation entre la Centrafrique, le Tchad et le Cameroun - et les troupeaux de bétail qui les empruntent - sont convoités par des groupes armés qui s'affrontent pour en garder le contrôle. Les cycles de transhumance rallument périodiquement le conflit. Le circuit global fonctionne dans le sens nord-sud, les bêtes étant acheminées vers la capitale, Bangui. «Dans le nord du pays, un bœuf coûte autour de 50 000 francs CFA (76 euros). A Bangui, il sera vendu environ 500 000 francs CFA, soit dix fois plus cher», rappelle l'Ipis (International Peace Information Service). Entre les deux, les mouvements armés tentent de capter la part la plus importante possible de cette valeur ajoutée.

Quatre groupes principaux sont installés dans la zone, dont le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), ancien membre de la rébellion Séléka dont le quartier général est installé à Paoua, et Révolution et Justice (RJ). Depuis le début de l'année, deux de leurs factions, largement autonomes, s'affrontent «sur presque tous les axes» autour de cette localité. Plus de 65 000 personnes ont fui les violences et les destructions, et s'entassent dans le centre de Paoua, selon le Bureau aux affaires humanitaires des Nations unies. «Si tout se passe bien et que les combats cessent, la crise ne sera pas résolue avant plusieurs mois, prévient Médecins sans frontières. Ils sont souvent plus de 40 déplacés par famille, ce qui va créer très rapidement des problèmes d'approvisionnement en eau et nourriture.»

Autre organisation issue de la Séléka active dans la région, Retour, Réclamation, Réhabilitation (3R). Exclusivement peule, elle est dirigée par le général Sidiki, qui se présente comme le défenseur de cette communauté pastorale régulièrement prise pour cible. Les anti-balaka du Nord-Ouest, quant à eux, sont dirigés par les frères Ndalé. «Leur objectif principal est de conserver le contrôle de l'axe routier reliant Bocaranga à Bouar, sur lequel des postes de contrôle ont été mis en place en vue de prélever des taxes et d'empêcher les Peuls d'accéder à Bouar. Entre 2015 et 2017, les frères Ndalé auraient volé 4 000 têtes de bétail dans la région, donnant lieu à une série de représailles visant des civils de la part des 3R», détaille le rapport de l'ONU. Les deux groupes ont signé un cessez-le-feu en décembre.