C'est la zone la plus préoccupante. En 2017, des massacres de grande ampleur ont été commis par les combattants anti-balaka (souvent chrétiens ou animistes), renommés «groupes d'autodéfense», dans les localités qui étaient jusque-là contrôlées par les miliciens peuls de l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC, ex-Séléka). Celle-ci répliquerait par des expéditions punitives. Outre les affrontements entre les deux forces, les leaders anti-balaka «appliquent une stratégie de nettoyage ethnique contre les musulmans, au prétexte de libérer la région des groupes de l'ex-Séléka», s'inquiètent les experts de l'ONU, qui évoquent des opérations «soigneusement préparées» avec l'aide d'un «vaste réseau d'appui» dans le cadre d'une «campagne de revanche» encouragée en sous-main par des responsables politiques et militaires à Bangui.
Ce camp, désigné sous le vocable de «belliciste» dans le rapport, affiche ouvertement son hostilité aux Casques bleus, jugés trop accommodants - voire protecteurs - avec les membres de l'ex-Séléka. Quatorze soldats de la paix ont perdu la vie en Centrafrique l'an dernier, dont la moitié à Bangassou, la plus grosse ville de la région, passée aux mains des anti-balaka après une offensive meurtrière contre la communauté musulmane, le 13 mai. Depuis, dans les villages de Gambo, Kembé, Béma, Pombolo et Zémio, les combats avec l'UPC et les assauts des groupes anti-balaka ont fait plus de 200 victimes civiles. Près de 100 000 personnes ont fui le pays en franchissant le fleuve Oubangui pour rejoindre la république démocratique du Congo.
Les anti-balaka, bardés de gris-gris, parfois déguisés et équipés d'armes traditionnelles, ne constituent pas une troupe organisée. Leurs offensives sont menées avec des centaines d'hommes recrutés ponctuellement sur la route. «Les attaques menées par ces prétendus groupes d'autodéfense et leurs activités de trafic représentent désormais l'une des principales causes d'instabilité dans le pays», pointent les Nations unies.