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Israël : vers une nouvelle affaire Nétanyahou

Alors que la police a recommandé la mise en examen du Premier ministre israélien la semaine dernière, de nouvelles révélations font la une après l'arrestation de proches conseillers.
Benyamin Nétanyahou à Tel-Aviv, le 14 février. (Photo Jack Guez. AFP)
publié le 20 février 2018 à 18h09

A chaque jour, sa nouvelle affaire Nétanyahou. Après les dossiers «1000» et «2000», pour lesquels la police israélienne a recommandé la mise en examen du Premier ministre la semaine dernière, et après le «dossier 3000» (vaseuse histoire de commissions occultes sur l'achat de sous-marins allemands, dans lequel sont mouillés deux de ses intimes), voici le «dossier 4000».

Promesses

Shaul Elovitch, le patron de Bezeq, principal opérateur de télécommunication en Israël, ainsi que Nir Hefetz, l’ex porte-parole personnel du Premier ministre, et Shlomo Filber, son ancien directeur du ministère des Communications (portefeuille que Nétanyahou a détenu de 2015 à 2017), sont en garde à vue depuis dimanche, a confirmé mardi la police, qui a levé l’anonymat sur les suspects après deux jours de supputations et de photos grossièrement pixélisées dans la presse.

Selon les premières conclusions de l'enquête publiées avec un appétit non feint dans les médias israéliens, le clan Nétanyahou aurait tenté d'obtenir une couverture médiatique plus favorable sur le très populaire site d'actualité Walla News, propriété du patron de Bezeq, en échange de promesses d'assouplissement de la régulation du secteur. Si le nom de Nétanyahou n'a pas encore été officiellement cité dans cette affaire, les faits sont remarquablement similaires à ceux reprochés au Premier ministre dans le dossier 2000, portant sur un marchandage visant à changer en sa faveur la ligne éditoriale du quotidien Yediot Aharonot. «Il s'agit d'une nouvelle enquête vide de sens menée sous la pression des médias, a réagi Benyamin Nétanyahou dans un communiqué. La chasse aux sorcières médiatique continue à plein régime.»

«Hallucination»

Comme en réponse, un dernier scoop est tombé dans la matinée. Nir Hefetz, le spin-doctor disgracié, aurait fait miroiter en 2015 le poste de procureur général à une juge israélienne si cette dernière acceptait de tuer dans l'œuf une enquête portant à l'époque sur les frais de bouche de Sara Nétanyahou, l'épouse du Premier ministre. Nétanyahou a fait immédiatement savoir qu'il n'avait jamais entendu parler d'une telle offre et doute qu'elle ait jamais été émise, parlant d'«hallucination». Depuis les recommandations de la police, Benyamin Nétanyahou a catégoriquement exclu de démissionner. Une série de sondages, pour certains contradictoires, indique qu'un peu moins de 50% de ses concitoyens souhaitent son départ. Son parti, le Likoud, apparaît quant à lui étonnement renforcé par ces scandales.

Ces énièmes révélations viennent en tout cas ternir les efforts décuplés du Premier ministre pour sortir la tête de l'eau en changeant le sujet de la conversation nationale. La semaine avait pourtant bien commencé par l'annonce d'un accord historique de vente de gaz à l'Egypte et les retombées de son discours offensif contre l'Iran, morceau calciné de drone à la main, lors de la conférence sécuritaire de Munich ce week-end. Si Nétanyahou s'est toujours nourri publiquement du rejet des élites, ses biographes ont depuis longtemps souligné qu'il courtisait en coulisses la validation de ces dernières, et plus particulièrement de l'establishment médiatique. Réagissant à cette dernière affaire, un de ses porte-parole s'est plaint que «toute tentative de promouvoir du pluralisme dans les médias est dépeinte comme un acte impropre et illégal. Ce que l'on voit ici, c'est un effort incroyable pour préserver le monopole de la gauche sur les médias». Presque un aveu.