En Thaïlande, rien ne semble impossible quand on est fils de milliardaire. Mardi matin, un tribunal du pays a attribué la garde de 13 enfants nés de mères porteuses à leur père biologique, Mitsutoki Shigeta, un célibataire japonais de 28 ans. Les juges ont justifié leur décision «pour le bonheur et les opportunités que les enfants recevront de leur père biologique qui n'a pas d'antécédents de mauvais comportement». Une décision surprenante au vu du profil perturbé de l'homme, père d'au moins 19 enfants âgés d'environ 4 à 6 ans.
Lorsque l'affaire de l'«usine à bébés» éclate, en 2014, Mitsutoki Shigeta est un garçon à la dégaine d'étudiant. Il vit alors à Hongkong mais héberge dans un luxueux appartement de Bangkok neuf bébés surveillés par des nourrices et une mystérieuse matrone japonaise. Tous sont nés de mère porteuse, un commerce qui fait alors fureur en Thaïlande. Shigeta, poursuivi pour «trafic d'êtres humains» et «exploitation d'enfants», prend la fuite vers le Japon, un enfant dans les bras. L'enquête lève toute accusation contre lui, mais révèle son projet mégalomaniaque, lancé à l'âge de 20 ans, de faire naître «entre 10 et 15 enfants par an», y compris après sa mort grâce à la congélation de son sperme. Dans le but de leur léguer son héritage. Son père, magnat de l'entreprise de télécoms Hikari Tsushin, pèse, selon le magazine Forbes, 3,4 milliards d'euros. Mitsutoki Shigeta possède lui-même des entreprises dans toute l'Asie, où il voyage grâce à de multiples passeports. Ne cachant pas son désir d'avoir des «centaines d'enfants», il convainc des intermédiaires peu regardants de recruter des mères porteuses, pour la plupart de pauvres Thaïlandaises pour qui les quelque 10 000 euros offerts par grossesse représentent une fortune. Certaines décrivent un homme distant, ayant limité tous les rapports à l'argent. Après le scandale, 13 bébés avaient été placés dans des familles d'accueil. Mardi, le tribunal pour enfants de Bangkok a ordonné qu'ils soient restitués à leur père biologique.