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Libération

Rohingyas : la Birmanie rase les preuves du nettoyage ethnique

publié le 23 février 2018 à 20h36

«J'ai vu une région dévastée, vidée de ses habitants, des villages brûlés, d'autres rasés au bulldozer. Les champs et les récoltes sont à l'abandon. Dans les quelques villages encore habités, les gens sont terrorisés. Et partout, des policiers, des soldats, des check-points», confie à Libération une diplomate ayant participé à une visite organisée par le gouvernement birman dans le nord de l'Arakan. Human Rights Watch (HRW) a détaillé vendredi le nettoyage ethnique commis en Birmanie sur sa population rohingya. «Depuis fin 2017, le gouvernement birman a rasé au moins 55 villages, détruisant tous les bâtiments et la végétation avec du matériel lourd, détaille le rapport, photos à l'appui. La plupart de ces villages font partie des 362 qui ont été partiellement ou complètement détruits par des incendies volontaires depuis le 25 août 2017. Les images satellites montrent qu'au moins deux des villages démolis étaient auparavant intacts et certainement habitables. Des centaines de maisons ont été rasées dans dix autres villages qui n'étaient que partiellement brûlés.»

Des milliers de témoignages de viols, massacres, pillages et incendies ont été recueillis auprès des réfugiés. Mais le gouvernement birman continue à nier toute faute, et empêche humanitaires et journalistes d'accéder à la région. Pour HRW, qui appelle à l'arrêt immédiat de l'entreprise de démolition, «ces villages devraient être traités comme des scènes de crime préservées jusqu'à ce que les Nations unies aient l'autorisation d'accéder à la zone et d'enquêter».