Menu
Libération

En Syrie, les combats reprennent malgré la trêve

publié le 27 février 2018 à 20h56

Même s’ils ont nettement diminué d’intensité, les bombardements du régime syrien sur la Ghouta orientale assiégée se sont poursuivis mardi, tandis que des tirs rebelles étaient signalés dans les quartiers de Damas. Un enfant a été tué selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Au total selon l’OSDH, le régime syrien a lancé neuf frappes sur la Ghouta, dont six obus d’artillerie, deux barils d’explosifs et un raid aérien. Et ce, seulement trois jours après le vote unanime du cessez-le-feu, âprement négocié au Conseil de sécurité, et dont les conditions continuent d’être discutées.

Prévue «sans délai» et sur la totalité du territoire syrien, selon la résolution onusienne, la trêve est unilatéralement redéfinie depuis lundi par Moscou. «Sur ordre du président russe et dans le but d'éviter les pertes parmi les civils de la Ghouta orientale, une trêve humanitaire quotidienne sera instaurée à partir du 27 février de 9 heures à 14 heures», a déclaré le ministre de la Défense russe. Mardi, le Kremlin a lié l'avenir de la trêve humanitaire quotidienne de cinq heures annoncée par Vladimir Poutine à l'attitude des rebelles accusés de «provocations»: des roquettes auraient été tirées mardi sur Damas depuis leur enclave.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a indiqué qu'il fallait «vérifier dans la pratique à quel point les assurances des groupes armés quant au respect de la résolution de l'ONU correspondent à leurs intentions». Il s'exprimait lors d'une conférence de presse commune avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian, en visite à Moscou. Le ministre français des Affaires étrangères a estimé de son côté que les cinq heures quotidiennes de trêve, «ce n'est pas assez». «Il faut profiter de cette trêve pour reprendre le dialogue sous l'égide des Nations unies», a-t-il ajouté.

La diplomatie française, qui s'active depuis une dizaine de jours sur la dernière crise syrienne, veut croire à une évolution des positions de la Russie qui n'a pas mis son veto à la résolution de l'ONU. Mais «le régime de Damas ne veut rien entendre, même pas des Russes», assure-t-on à Paris, où l'on note que «les Russes ne reconnaissent pas participer aux bombardements» de la Ghouta. Les indices éventuels d'une distanciation entre Moscou et son allié de Damas sont guettés au plus près alors que la Russie s'emploie à défendre le régime syrien et à accuser les groupes rebelles de la reprise des violences.

Pendant ce temps, les organisations humanitaires (ONU et Comité international de la Croix-Rouge en tête) attendent l'aide et des conditions de sécurité leur permettant d'intervenir dans la Ghouta orientale. Refusant de se prononcer sur la proposition russe, le porte-parole de l'aide humanitaire de l'ONU, Jens Laerke, a appelé toutes les parties à respecter «un cessez-le-feu total pendant trente jours comme l'exige le Conseil de sécurité». «C'est une question de vie ou de mort», a-t-il insisté, soulignant que «la situation actuelle sur le terrain ne permet clairement pas l'entrée de convois humanitaires ou les évacuations de civils pour raison médicale».