Une double attaque a frappé Ouagadougou vendredi matin. A 20 heures, un bilan officiel faisait état de 8 victimes parmi les forces de sécurité, mais des sources françaises évoquaient une trentaine de morts. L’ambassade de France et l’état-major des armées étaient visés, affirme le gouvernement burkinabé. L’hypothèse jihadiste, dans toutes les têtes depuis les attentats du café le Cappuccino en janvier 2016 (28 morts) et du restaurant Aziz Istanbul en août 2017 (19 morts), est privilégiée. La rumeur d’un coup de force de militaires dissidents a toutefois circulé vendredi à Ouagadougou.
Devant les grilles de l'ambassade de France, «quatre assaillants ont été neutralisés» et deux gendarmes burkinabés ont été tués, ont détaillé les autorités. «Des hommes sont arrivés dans un véhicule, ils en sont descendus et ont commencé à tirer avant de tenter en vain de pénétrer dans l'ambassade», décrit Serge Beyala, un jeune activiste joint par téléphone. Un hélicoptère français a pu se poser près des lieux : les forces spéciales de l'opération «Sabre», mobilisées pour des raids antiterroristes dans tout le Sahel, sont justement basées dans la capitale du Burkina Faso. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour «tentative d'assassinat terroriste».
A moins de 2 kilomètres, sur le même boulevard, c'est le quartier général de l'armée burkinabée qui a fait l'objet d'un violent assaut vers 10 heures du matin, par un autre groupe. «Quand les tirs ont commencé, ça a été la panique totale ! Tout le monde s'est mis à fuir le centre-ville en courant. Certains préféraient abandonner leur moto sur place», poursuit Serge. Les fenêtres de l'Institut français, à proximité, ont volé en éclats, décrit Aurélia Laget, la chargée de communication du centre culturel, contactée à la mi-journée alors qu'elle était confinée dans une pièce sécurisée. «Le public a été évacué. Aucun assaillant n'est entré dans l'enceinte de l'institut, mais l'attaque est très très proche, ce qui a pu provoquer la confusion», raconte-t-elle.
Les quatre combattants qui ont attaqué l’état-major ont été tués, a annoncé le ministre burkinabé de la Défense. Pendant plusieurs heures, des explosions et des tirs nourris ont retenti à l’intérieur du complexe militaire, d’où s’échappait dans l’après-midi une épaisse fumée noire. L’identité des membres du commando n’était toujours pas connue dans la soirée.