Cette fois-ci, c'est sûr, c'est le bon. Après le discours de Lancaster House (en janvier 2017), après celui de Florence (septembre 2017), le discours de Mansion House, à Londres ce vendredi, sera le bon. Theresa May devrait y exposer en détail sa vision sur les futures relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne après le Brexit. En tout cas, c'est, officiellement, l'intention. Mais l'Union européenne ne cache pas son scepticisme et craint un nouveau catalogue de bonnes intentions et aucun élément concret. Or, à treize mois du Brexit, prévu le 29 mars 2019, les négociateurs européens ne cachent plus leur frustration face au manque de précision dans les propositions britanniques.
Selon les éléments communiqués par le 10, Downing Street, Theresa May devrait annoncer la mise en place de «cinq tests» pour l’accord sur la future relation entre son pays et l’UE. Le premier implique que tout accord devra respecter le résultat du référendum, le deuxième que cet accord ne pourra être rompu, le troisième qu’il devra protéger les emplois et la sécurité, le quatrième qu’il devra être «cohérent avec le genre de pays que nous souhaitons être – moderne, ouvert vers l’extérieur et tolérant» et enfin, le cinquième que tout accord devra rassembler le pays. «Je veux l’accord le plus large et le plus étoffé possible, qui couvre plus de secteurs et implique une coopération plus forte que n’importe quel autre accord commercial dans le monde aujourd’hui», devrait dire Theresa May. Je pense que c’est possible parce que c’est aussi bien dans l’intérêt de l’Union européenne que dans le nôtre et parce que nous démarrons depuis un point unique, qui est que, dès le premier jour, nous avons tous les mêmes lois et règles.» Si ces cinq déclarations d’intention représentent le cœur du discours de Theresa May, il y a fort à parier que cela ne suffira pas à apaiser les relations avec les négociateurs européens qui se sont singulièrement tendues cette semaine.
«Friction»
La semaine a été difficile pour la Première ministre britannique. Lundi, le leader du Labour, Jeremy Corbyn, a pour la première fois adopté une position différente de celle du gouvernement en appelant à la participation du Royaume-Uni à une union douanière avec l'Union européenne post-Brexit. De son côté, Michel Barnier a présenté, mercredi, un projet de divorce que le Royaume-Uni juge inacceptable. Mais le négociateur européen n'a pas caché un léger agacement en répétant que la sortie du Royaume-Uni, et sa date, «une décision unilatérale prise par lui», est désormais dans à peine plus d'un an et qu'il était temps d'avancer. Le président du conseil européen, Donald Tusk, a renchéri jeudi lors d'un déjeuner avec Theresa May a rappelant que des «frictions» dans les échanges commerciaux seraient «inévitables» après le Brexit en raison des lignes rouges fixées par le gouvernement britannique, à savoir une sortie du marché unique et de l'union douanière.
Les Vingt-Sept ne cachent plus une certaine irritation face au manque de détails voire à l’absence de propositions concrètes du Royaume-Uni pour avancer dans les négociations. Le sentiment est que l’attention de Theresa May est exclusivement concentrée sur l’apaisement de son parti conservateur et de son gouvernement, extrêmement divisé sur la question du Brexit et sur la suite des relations avec l’UE.
Un accord sur le traité de sortie de l’UE doit en principe être signé d’ici octobre pour permettre au parlement britannique, au parlement européen et à tous les parlements nationaux des Vingt-Sept de le ratifier avant le mois de mars et la sortie officielle du Royaume-Uni.