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Libération

Kim Jong-un a enfin rencontré des Sud-Coréens… et va récidiver

par Elena Blum
publié le 6 mars 2018 à 20h36

C'est peut-être un tournant majeur vers la désescalade. A l'issue de la visite d'une délégation de dix fonctionnaires sud-coréens à Pyongyang, les dirigeants des deux Corées ont accepté de se rencontrer lors d'un sommet fin avril. «La Corée du Nord a promis de suspendre ses essais nucléaires et de missiles pour la durée du dialogue», a déclaré l'émissaire sud-coréen, Chung Eui-yong.

Séoul opère depuis plusieurs mois un rapprochement avec son voisin du Nord, afin de tenter d'apaiser les tensions entre Donald Trump et Kim Jong-un, le dictateur de la république populaire démocratique de Corée. «Cet échange était historique dans la mesure où Kim Jong-un a rencontré des Sud-Coréens pour la première fois en dix ans», explique à Libération le spécialiste des deux Corées Antoine Bondaz.

Alors que les Etats-Unis viennent d'imposer de nouvelles sanctions unilatérales au Nord, les plus dures à ce jour selon le président américain, ce dernier a néanmoins salué «des progrès possibles», estimant qu'il s'agit «peut-être de faux espoirs, mais les Etats sont prêts à s'engager pleinement».

Outre l'organisation du sommet dans le village de Panmunjeom, dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, les dirigeants ont autorisé l'ouverture d'une ligne de communication directe entre eux, symbole de leur rapprochement. Des discussions doivent avoir lieu sur la possibilité de réunir des familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953) ou le développement de la coopération militaire. S'il accepte de négocier, Kim Jong-un n'envisage pas pour autant un processus de dénucléarisation. «Son objectif est de réduire la pression politique et militaire qui pèse sur lui et, à long terme, d'obtenir une levée des sanctions économiques», estime Antoine Bondaz.

Le sommet d’avril sera le troisième de ce type, après ceux de 2000 et de 2007. Le premier avait pour objectif d’initier une coopération, après des décennies de tensions diplomatiques, tandis que le sommet interministériel de 2007 avait permis la signature de nombreux contrats de coopération économique, suspendus par le nouveau gouvernement conservateur dès 2008.