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Libération
Syrie

La Ghouta : les deux options d’Al-Assad

En une quinzaine de jours, l'offensive a fait près de 900 morts, selon plusieurs organisations médicales et des droits de l’homme.
Un enfant syrien marchant le 8 mars 2018 dans une rue entourée de bâtiments détruits par les bombardements du régime syrien à Douma, une ville dans une enclave rebelle dans la Ghouta orientale près de Damas. (Photo HAMZA AL-AJWEH. AFP)
publié le 8 mars 2018 à 21h46
(mis à jour le 9 mars 2018 à 10h00)

Depuis mercredi, les bombardements du régime syrien et de ses alliés s’intensifient sur la Ghouta orientale. Un convoi d’aide humanitaire devait entrer dans la zone jeudi, mais l’opération a été reportée, selon le Comité international de la Croix-Rouge. Et de nouveaux cas d’usage de chlore, touchant des dizaines de civils, sont rapportés par les médecins sur place. En une quinzaine de jours, cette offensive a fait près de 900 morts, selon plusieurs organisations médicales et des droits de l’homme.

L’assaut terrestre des forces prorégimes serait sur le point de couper en deux cette enclave de la banlieue de Damas. Les chefs des groupes rebelles locaux ont rejeté la proposition russe d’évacuer les combattants et leurs familles, affirmant être prêts à se battre pour défendre leur territoire. De son côté, l’opposition syrienne réaffirme son refus d’évacuer la population comme à Alep-Est en décembre 2016.

Deux précédents d'évacuation sont évoqués avec angoisse par les habitants. Le premier s'est déroulé à Daraya, emblème de la contestation pacifique du printemps 2011 contre le régime d'Assad, qui a subi la pire répression avant d'être assiégée, en 2013. Après des années de bombardements, cette localité peuplée de 200 000 habitants a capitulé fin août 2016. Les 10 000 civils et combattants qui s'y trouvaient encore ont été évacués par des autobus spécialement affrétés en direction de la région d'Idlib. Malgré l'inquiétude de l'ONU sur ce «déplacement forcé de populations», la ville intégralement vidée de ses habitants reste déserte aujourd'hui. Sous le contrôle du régime syrien, des projets d'installations touristiques sont prévus par l'Iran sur le site d'un sanctuaire chiite.

Début septembre 2016, c’est à Moadamiyeh, 28 000 habitants, qui abritait une partie des déplacés de Daraya, qu’un accord d’évacuation est conclu avec le régime, avec la médiation d’officiers russes. Cette fois, environ un millier de combattants rebelles et leurs familles ont été emmenés vers le nord syrien, tandis que le reste de la population a été soumis au contrôle du régime de Al-Assad, qui a imposé sa loi, obligeant même les jeunes hommes à la conscription dans l’armée.

L’un ou l’autre de ces scénarios est envisagé par le régime et ses alliés russes et iraniens pour les près de 400 000 habitants actuellement sous le feu dans la Ghouta orientale. Même si, pour l’heure, aucune issue n’est encore prévisible.