«L’industrie américaine de l’acier et de l’aluminium a été dévastée par des pratiques commerciales étrangères agressives. C’est une véritable agression contre notre pays.» Depuis la Maison-Blanche, Donald Trump a imposé jeudi des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis, ignorant les mises en garde répétées de nombre de ses alliés, Union européenne en tête, sur les risques d’une guerre commerciale aux conséquences imprévisibles.
25% sur l’acier, 10% sur l’aluminium
Après plusieurs jours d'intenses spéculations, le président américain a signé les documents controversés qui marquent un net virage protectionniste, 13 mois après son arrivée au pouvoir. Cette décision intervient le jour même où onze pays des deux rives du Pacifique ont ressuscité, au Chili, l'accord de libre-échange transpacifique (TPP), donné pour mort il y a un an après le retrait des Etats-Unis. Ces taxes, de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, entreront en vigueur dans 15 jours.
Le Canada, premier partenaire commercial et premier fournisseur d'acier des Etats-Unis, en sera cependant exempté «pour le moment», de même que le Mexique. Le sort qui sera réservé à ces deux pays frontaliers des Etats-Unis sur le moyen terme dépendra en particulier de l'issue des négociations en cours sur l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna). Selon un responsable de l'exécutif américain, tous les pays concernés pourront entamer des discussions avec les Etats-Unis pour négocier, eux aussi, une éventuelle exemption.
«Très équitables, très flexibles»
L'annonce de la mise en place de droits de douane a suscité une véritable fronde au sein même du camp républicain où nombre d'élus ne partagent pas l'avis du magnat de l'immobilier selon lequel les guerres commerciales sont «bonnes et faciles à gagner». Son principal conseiller économique, Gary Cohn, a démissionné mardi en raison de son opposition à de telles mesures.
Le locataire de la Maison Blanche s'est appuyé sur une procédure rarement invoquée de la législation commerciale américaine : l'article 232 qui s'appuie sur des arguments liés à la défense nationale pour limiter l'importation de produits et de biens aux Etats-Unis. Cet article 232 a notamment été utilisé dans les années 1970 lors de la crise pétrolière et plus récemment en 2001 également dans le cas de l'acier. «Nous allons être très équitables, nous allons être très flexibles», avait promis le président américain quelques heures avant la signature, promettant de trouver un terrain d'entente avec les «vrais amis» des Etats-Unis.
Sa décision est pourtant loin de faire l'unanimité dans son propre camp. Le président républicain de la Chambre des représentants américaine, Paul Ryan, a publiquement dénoncé jeudi soir les taxes trumpiennes. «Je suis en désaccord avec cette décision et j'en crains les conséquences imprévues», a déclaré Paul Ryan dans un communiqué, tout en saluant l'exemption accordée pour le Canada et le Mexique.