Mais qui forme donc cette paire inattendue de contestataires ? Dimanche, lors d'un vote à bulletins secrets qui a abouti à 2 958 voix pour, deux contre, et trois abstentions, le Parlement chinois a, sans surprise, validé l'abolition de la limite des mandats présidentiels. Les députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP) ont ainsi plébiscité un changement de la Constitution qui limitait les mandats présidentiels à deux fois cinq ans. La majorité des deux tiers des votes était requise. La barre a donc été franchie haut la main par le président de la République populaire, Xi Jinping (photo), élu à ce poste le 14 mars 2013. L'amendement adopté fait également entrer «la pensée Xi Jinping» dans la Constitution, tout comme «le rôle dirigeant» du Parti communiste chinois (PCC) dans son article premier. Xi Jinping, 64 ans, va désormais pouvoir se maintenir à la tête de l'Etat après 2023, soit à l'issue du deuxième mandat qu'il va prochainement entamer. S'ils semblent anecdotiques, ces deux votes contre la modification de la Constitution «entreront dans l'histoire», a estimé le dissident Hu Jia, joint par l'AFP dans le sud du pays, où les autorités l'ont assigné à résidence durant la session.
La limite de deux mandats avait été imposée dans la Constitution de 1982 par l'homme fort de l'époque, Deng Xiaoping, afin d'éviter un retour au régime dictatorial de l'ère Mao Zedong, qui avait dirigé le pays entre 1949 et 1976. «Quarante-deux ans plus tard, un nouveau tyran à la Mao se lève sur la Chine», avance Hu Jia.
Pour les observateurs occidentaux, cette modification de la Constitution peut laisser augurer une recrudescence de la répression à l’encontre des opposants au régime. Depuis son arrivée à la tête de l’appareil politique central, Xi Jinping a accru l’autorité du régime, à grand renfort de propagande et d’omniprésence dans les médias d’Etat. AP
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