La guerre n'est pas finie en Syrie et tout près de la frontière turco-syrienne, Gaziantep a accueilli 500 000 réfugiés. «Nous en avons eu jusqu'à deux millions. Un quart d'entre eux fait maintenant partie de la population de la ville», dit tranquillement Fatma Sahin, la maire de Gaziantep. Elle ajoute que les «100 000 enfants de réfugiés sont tous scolarisés. Nous avons réussi ça».
Mais ce n'est pas ce que Gaziantep est venu vendre aux investisseurs présents au Marché international des professionnels de l'immobilier, le Mipim, ouvert mardi à Cannes. En louant pour la première fois l'un des onéreux stands du salon, l'élue veut mettre en avant les qualités de sa ville. Elle résume : «Le PIB de la Turquie croît deux fois plus vite que le PIB mondial. Et celui de Gaziantep deux fois plus vite que celui de la Turquie. Enfin, les coûts de l'investissement et du travail sont très bas.»
Certes, les conflits ne sont pas terminés «mais les marchés attendent. Quand le terrorisme sera maîtrisé, les investisseurs viendront, estime-t-elle. Il va y avoir un marché très actif pour l'immobilier». Comme tous les exposants présents au salon, la maire vante ses projets urbains, en particulier la reconversion d'une ancienne zone industrielle. «Il y a de l'intérêt de la part des Chinois, de gens de Hongkong, du Japon, précise-t-elle. Les Asiatiques sont très intéressés.»
Un million de visiteurs l’an dernier
A cause - ou grâce ? - à l'arrivée des réfugiés, «nous avons créé davantage de routes, d'équipements. Nous avons développé un système scolaire spécifique pour l'intégration». Parmi les réfugiés, «il y a des gens qualifiés qui comptent dans le développement économique». Pour faire face à l'afflux, «nous avons reçu des aides, trois milliards d'euros dans une première phase et trois autres milliards, qui viennent d'être approuvés». Aux observateurs qui trouveraient ces sommes élevées, Fatma Sahin rappelle : «Si nous avions échoué avec les réfugiés, 2,5 millions d'entre eux seraient en Europe et la France et l'Allemagne auraient des problèmes aujourd'hui. Nous avons tenu nos promesses et nous espérons que l'Europe tienne les siennes.»
Comme beaucoup de villes exposantes ici, Gaziantep espère aussi attirer des touristes. Elle a reçu un million de visiteurs l'an dernier avec une campagne de communication qui disait : «Il est temps que vous veniez à Gaziantep.» Manifestement, c'est l'idée.