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Libération
Syrie

Exode massif des habitants de la Ghouta sous les bombes

Un anniversaire sanglant dans la Ghouta orientale a marqué les sept ans de malheur depuis le déclenchement le 15 mars 2011 de la protestation contre la dictature de Bachar Al-Assad.
Des habitants d'Hammouriyé en fuite, le 15 mars. (Photo Omar Sanadiki. Reuters)
publié le 15 mars 2018 à 19h31

La prise de contrôle par les forces du régime d'Al-Assad de la localité de Hammouriyé s'est faite après vingt-quatre heures d'un déluge de feu. Mercredi, plus de 300 raids aériens, 571 obus et 164 barils explosifs ont été décomptés par les groupes médicaux sur cette zone, faisant 43 morts. Des milliers de civils qui tentaient de fuir ont été pris sous le feu. «J'ai vu une famille de cinq personnes tomber devant moi dans la rue, frappée par un tir de l'aviation», raconte un secouriste de la ville de 20 000 habitants.

Environ 12 000 civils ont fui jeudi Hammouriyé et d'autres localités du sud, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), soit l'exode le plus massif depuis un mois. A pied, en voiture ou à moto, ils ont emprunté un couloir ouvert en direction du territoire contrôlé par le régime. Il s'agissait essentiellement «de femmes, d'enfants et de personnes âgées», signale à Libération Ayman, un activiste sur place. Les hommes et notamment les combattants rebelles de Faylaq al-Rahmane qui contrôlaient le secteur ont préféré se retirer vers l'intérieur de la Ghouta assiégée et toujours bombardée.

«Ils ne peuvent risquer de se faire prendre par les services du régime, par crainte d'être arrêtés ou enrôlés de force dans l'armée, explique Ayman. Les médecins par exemple sont considérés comme des ennemis par le régime qui leur réservera une vengeance terrible.» Interrogé par ses confrères à l'étranger sur de nouveaux cas d'usage de gaz de chlore, un médecin de Hammouriyé a répondu sur un groupe WhatsApp : «Les attaques chimiques n'ont pas plus d'importance que la pluie de missiles et de bombes de toutes sortes qui s'abattent sur nous.»

Le régime syrien contrôle désormais plus de 70% de la partie rebelle de la Ghouta orientale, scindée en trois secteurs depuis la semaine dernière par l'offensive en cours depuis près d'un mois. Le cessez-le-feu prévu par une résolution votée à l'unanimité du Conseil de sécurité le 24 février est resté sans effet. La Russie a indiqué jeudi qu'elle allait continuer de «soutenir» les forces de Damas dans leur offensive sur la Ghouta. «Nous continuerons à combattre les terroristes, nous les vaincrons», a dit le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov lors d'un forum à Moscou.