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Trump et les vrais faucons

Donald et Melania Trump à la Maison Blanche, à Washington, le 15 mars. (Photo Brendan Smialowski. AFP)
par Luke Mogelson
publié le 16 mars 2018 à 20h06

Donald Trump a décidé de congédier son conseiller à la sécurité intérieure, annonçaient vendredi plusieurs médias américains. S'il le confirme, ce départ s'ajoutera à ceux de nombreux membres hauts placés de l'administration, dont le secrétaire d'Etat Rex Tillerson.

Lorsque Trump les a nommés, McMaster et Tillerson avaient été accueillis par les républicains et les démocrates traditionnels comme de potentiels vecteurs de modération au sein du gouvernement. Mais leurs désaccords avec le Président se sont multipliés et les ont de plus en plus isolés. Les deux hommes ont pris position pour la préservation du traité nucléaire avec l’Iran et contre la sortie de l’accord de Paris sur le climat ; ils ont publiquement condamné l’ingérence russe à l’étranger, encouragé Trump à éviter toute escalade avec la Corée du Nord et à ne pas relever les droits de douane sur les importations d’aluminium et d’acier.

Le nom du remplaçant de McMaster, si ce dernier est bien démissionné, n'est pas encore connu. En revanche, le choix de Mike Pompeo pour succéder à Rex Tillerson suggère que le Président s'entoure de plus en plus de faucons issus des rangs les plus nationalistes et réactionnaires de son parti. Mike Pompeo, un chrétien évangélique, avait déjà été dénoncé comme islamophobe par de nombreux détracteurs, quand Trump l'avait choisi pour prendre la tête de la CIA. A peine aux commandes, Pompeo avait parlé dans un discours «de la menace pour l'Amérique que représentent des gens convaincus que l'islam est l'unique chemin, la lumière et la seule réponse». Et averti : «Ils vont continuer jusqu'à ce que de notre côté nous soyons bien conscients que Jésus est notre seul et unique sauveur.»

Lorsqu'il était sénateur, Pompeo fut l'un des plus vigoureux défenseurs du programme de torture de la CIA créé sous l'administration de George W. Bush. Gina Haspel, qui a été désignée par Trump pour remplacer Pompeo à la tête de la CIA fut l'une des complices de ce programme. Lorsqu'elle était agente de renseignement, elle a dirigé un centre de détention secret qui avait recours, à l'encontre de terroristes présumés, au «waterboarding» et à d'autres techniques d'interrogatoire, déclarées plus tard comme illégales. Dans la foulée, elle ordonna à ses agents de détruire les bandes audio documentant les actes de torture qu'elle avait supervisés. Sur son compte Twitter, Trump a préféré mentionner qu'elle serait la première femme à diriger l'agence. Et conclure d'un «bravo à tous».

Traduit de l'américain par Matthieu Ecoiffier.