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Libération
Merci de l'avoir posée

Quelles multinationales refusent de dire d’où vient leur huile de palme ?

Accusée de participer à la déforestation, l’industrie agroalimentaire s’est engagée à changer ses pratiques. Mais Greenpeace constate que de nombreuses firmes ne sont pas prêtes à dévoiler les informations permettant de vérifier la provenance de leur huile de palme.
Vue aérienne prise le 24 février 2014 montrant la déforestation dans la province centrale de Kalimantan, sur l'île de Bornéo. (Photo Bay Ismoyo. AFP)
publié le 19 mars 2018 à 18h38

Biscuits, pâtes à tartiner, cosmétiques et même biocarburants… L'huile de palme est partout. Mais sa production est dévastatrice pour l'environnement. Depuis 2010 et sous la pression des ONG, des grandes firmes ont progressivement annoncé qu'elles se mettaient à la politique «zéro déforestation» : bannir de leur chaîne d'approvisionnement les produits agricoles issus de la déforestation à l'horizon 2020. A moins de deux ans de cette échéance, Greenpeace a voulu vérifier si les promesses ont bien été tenues. L'ONG a constaté un manque de transparence du côté des industriels.

Moitié-moitié

Début janvier, Greenpeace a demandé à seize multinationales de rendre publics les noms de leurs fournisseurs et de leurs usines de production. Le but étant de déterminer si des «destructeurs de forêts» apparaissaient, ou non, dans la chaîne d'approvisionnement. La moitié a refusé. Il s'agit de Ferrero (qui détient notamment les marques Nutella, Kinder, Duplo…), Hershey's (Reese's, Tyrrells, Kisses…) Kellogg's (Special K, Trésor, Miel Pops…), Kraft Heinz (Maxwell House, Philadelphia, Heinz…)  Johnson & Johnson (Listerine, Neutrogena…), PepsiCo (Pepsi, Lay's, Bénénuts, Quaker…), PZ Cussons (Carex, Mamador…) et JM Smucker (Smucker's, Dunkin' Donuts, Folgers…). «Ces marques s'étaient pourtant engagées à ne plus s'approvisionner auprès d'entreprises qui détruisent les forêts tropicales», souligne Greenpeace dans son communiqué.

L’autre moitié des groupes a accepté que l’on vérifie la traçabilité de ses produits : Colgate-Palmolive (qui détient notamment les marques Elmex, Sanex et Ajax), General Mills (Häagen-Dazs, Old El Paso, Géant Vert…), Mars (M&M’S, Balisto, Royco, Uncle Ben’s…) Mondelēz (Côte d’or, Mikado, Lu, Prince, Tuc…), Nestlé (KitKat, Lion, Chocapic, Maggi, Herta…) Procter & Gamble (Head and Shoulders, Gillette, Ariel…), Reckitt Benckiser (Veet, Woolite…) et Unilever (Ben & Jerry, Dove, Magnum…).

Aucune marque «100% clean»

Quels sont les résultats pour les marques qui ont fait preuve de transparence ? Aucune ne serait «100% clean». «Comme prévu, les informations sur la chaîne d'approvisionnement publiées par ces répondants comprenaient des producteurs [d'huile de palme] problématiques qui défrichent activement les forêts tropicales», constate le rapport de Greenpeace, publié ce lundi.

Pour l'ONG, «les marques ont échoué à nettoyer leurs chaînes d'approvisionnement» et «on ne peut encore compter sur aucun des principaux négociants pour fournir aux marques de l'huile de palme conforme» aux engagements en matière de déforestation. Compte tenu des résultats, les objectifs que se sont donnés les multinationales semblent difficilement atteignables.

«Bien que les entreprises aient promis de faire des efforts, l'huile de palme reste une matière première à haut risque et sa production est la première cause de déforestation en Indonésie. Les marques doivent faire toute la lumière sur l'origine de leur huile de palme et ne plus s'approvisionner auprès des producteurs qui refusent de changer leurs pratiques», réclame Cécile Leuba, chargée de campagne «Forêts» pour Greenpeace France. Il reste deux petites années pour rectifier le tir.