1 800 milliards de morceaux de plastique sur une surface de 1,6 million de kilomètres carrés : la gigantesque décharge flottant dans le Pacifique recouvre une surface de trois fois la France, selon une étude publiée jeudi dans la revue Scientific Reports. «Sous l'effet de la rotation de la Terre, les courants marins créent ce que l'on appelle des gyres océaniques. Ces énormes tourbillons tournent dans le sens des aiguilles d'une montre dans l'hémisphère Nord, et en sens inverse dans l'hémisphère Sud. Tôt ou tard, les déchets plastiques se retrouvent piégés dans ces gyres», explique le site Expédition 7e Continent, qui mène aussi des expériences scientifiques dans le Pacifique.
Les déchets sont aussi entraînés et regroupés par les filets de pêche abandonnés. Le plus gros de ces vortex de déchets est situé dans le Pacifique, entre le Japon et les Etats-Unis. Une zone découverte par hasard par l'océanographe Charles J. Moore en 1997, baptisée «Great Pacific Garbage Patch» («grande zone d'ordures du Pacifique») par les scientifiques. La plus importante concentration se trouve à mi-chemin entre Hawaï et la Californie, selon cette nouvelle étude. Elle est «quatre à seize fois plus» grande qu'estimé auparavant, alertent les chercheurs, qui précisent d'ailleurs que leurs «résultats suggèrent que la pollution plastique océanique [dans cette zone] augmente de façon exponentielle et à un rythme plus rapide que dans les eaux environnantes».
Les cordes et les filets «fantômes» tuent beaucoup «de poissons, de tortues, et même de mammifères marins» qui s'empêtrent dedans, explique l'auteur principal de l'étude, l'océanographe Laurent Lebreton, de la fondation Ocean Cleanup. Mais ils sont aussi plus faciles à collecter.