Dans la version originelle du parti, le Parlement était, pour le Mouvement Cinq Etoiles (M5S), comparable à «une boîte de thon vide». Samedi, les héritiers de Beppe Grillo, adeptes de la démocratie directe, ont néanmoins placé à la présidence de la Chambre des députés Roberto Fico, un orthodoxe du mouvement. A l'issue de tractations avec la coalition de droite, un accord a en effet été trouvé pour éviter une impasse institutionnelle et permettre de désigner, dès le troisième tour de scrutin et alors qu'aucun parti ne dispose d'une majorité absolue, les présidents de la Chambre et du Sénat. En substance, les deux vainqueurs des élections générales du 4 mars se sont partagé les fauteuils. La coalition de droite arrivée en tête avec 37 % des voix a obtenu celui du Sénat (avec le soutien du M5S) en la personne d'Elisabetta Alberti Casellati, une élue de Forza Italia très proche de Silvio Berlusconi. Et en échange, les Cinq Etoiles, première formation du pays avec 32 % des suffrages, ont décroché, avec les voix de la droite, la Chambre des députés.
Cette répartition des postes n’a toutefois pas été sans heurts et a été marquée par un affrontement à droite. Car le leader de la Ligue, Matteo Salvini, a profité de l’élection pour affirmer qu’il était désormais le vrai patron de la coalition après son succès aux législatives (17 %, soit 3 points de plus que Forza Italia). Le dirigeant d’extrême droite a imposé à Berlusconi de changer de candidat pour le Sénat, comme le réclamaient les Cinq Etoiles.
A l'origine, l'ex-président du Conseil avait désigné son fidèle lieutenant Paolo Romani pour la Chambre haute. «On ne peut pas voter pour lui», a expliqué le leader du M5S, Luigi Di Maio, au prétexte que Paolo Romani a été dans le passé condamné à seize mois de prison pour détournement de fonds publics. Vendredi soir, Silvio Berlusconi, ulcéré par ce veto, humilié par les Cinq Etoiles qui ont refusé de parler directement avec lui et sous la pression de son allié Salvini, a menacé de faire capoter tout accord. Dans un communiqué, Forza Italia a même décrété «la rupture de l'unité» avec la Ligue. Mais samedi matin, l'homme d'affaires a finalement fait marche arrière en cédant aux exigences du duo Di Maio-Salvini et a proposé le nom de l'avocate Elisabetta Alberti Casellati, qui est ainsi devenue la première femme présidente du Sénat italien.